Le comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques (CCSTCIE) vient de rendre public, lors d’une conférence de presse donnée ce 17 juin à Bejaia, un document pour le moins compromettant pour la municipalité et bien encombrant pour la wilaya.
On y apprend qu’un contrat établi entre l’association française Club 92 et l’Apc de Bejaia destiné à la réalisation d’un processus de collecte des déchets ménagers fait apparaître des surfacturations représentant un surcoût annuel de 33,8 milliards de centimes en comparaison des prix pratiqués par l’Apc d’Oran par exemple, soit une majoration avoisinant les 100% ! (Voir tableau comparatif ci-dessous).
Le comité qui a déjà à son actif plusieurs actions de mobilisation citoyenne contre les abus de l’administration dont les dépassements du directeur du port, plusieurs fois traitées ici, ne sont pas des moindres se dit déterminé à poursuivre le combat contre ceux qu’il nomme les « prédateurs ».
« Nous sommes conscients des intérêts occultes que nous remettons en cause et nous sommes déterminés à aller au bout de notre combat » peut-on lire dans la déclaration préliminaire remise à la presse.
Pour rappel ce partenariat a été entrepris après que Cevital eut exprimé le 4 mars 2017 par la voix de son PDG devant la société civile bougiote la proposition de dégager un financement de 100 milliards de centimes pour réaliser une usine de traitement et de valorisation des déchets ménagers de l’ensemble de la wilaya. Comme pour les autres initiatives ou activités du groupe Cevital, la wilaya avait ignoré l’offre alors que les pouvoirs publics ne devaient pas débourser le moindre centime.
Deux jours plus tard, soit le 6 avril, l’Apc de Bejaia délibère pour un partenariat avec l’association club 92 pour la création d’une SPA dénommée « Bejaia environnement ». Le 27 mars 2017, c’est à dire très exactement 13 jours après l’offre de Cevital, l’APC de Bejaia enfonce le clou et une nouvelle délibération qui sollicite la tutelle vient valider le projet communal sans même respecter les procédures puisque qu’aucun appel d’offre n’a été émis alors que les sommes en jeu (70 milliards de centimes) ne pouvaient être gérées par le gré à gré. Pire il y a eu faux en écriture puisque sur un PV post-daté, les rédacteurs ont ajouté à la collecte des déchets leur traitement, opération qui ne figurait pas sur la délibération initiale sur laquelle ont été basé les prix.
L’administration s’empresse de donner une suite favorable à ce montage sans même vérifier les prix pratiqués dans le pays pour le même service.
Depuis cette annonce, la ville, déjà sous tension à cause des obstructions illégales dont est victime le premier employeur de la région, est sous le choc. La bombe du comité a été au centre de la veillée ramadanesque d’hier.
Chacun y va de son commentaire pour chercher à connaître les liens qu’il pourrait y avoir entre les blocages du directeur du port et cette dernière révélation. Un travailleur de Cevital discutant sur la place Gueydon après la rupture du jeun avec ses collègues notait en effet que Hamid Merouani, maire FLN de la ville n’a pas daigné répondre à l’invitation de Cevital qui a organisé pour tous les élus une visite d’explication à propos du projet de trituration de graines oléagineuses bloqué par le directeur du port. Du coup, les spéculations vont bon train et un des questionnements consiste à savoir si le port est le point de départ de ce que le comité n’hésite pas à appeler « une gestion mafieuse » ou un de ses prolongements.
Pour l’instant la wilaya a ordonné le silence absolu à ses employés sur ce dernier scandale.
Kassa Aïdli