BLOCAGES A BEJAIA : les petites mains des parrains
Djelloul Achour, directeur du port de Bejaia
L’affaire qui oppose le groupe Cevital au directeur du port de Béjaïa est un cas typique de ces situations où des acteurs apparemment sans liens directs avec un conflit opaque prennent fait et cause pour l’une des parties par la censure d’un protagoniste ou la pollution du débat. Ce sont ces actes sournois qui permettent, en l’occurrence, de remonter la traçabilité d’une stratégie médiatique venant en soutien à une violation flagrante de la loi commise par un directeur du port, Djelloul Achour, servant manifestement les intérêts de puissants clans qui ne peuvent pas assumer leur prédation.
Radio Soummam lui a donné la parole sans inviter le comité de soutien des travailleurs et le blog Algérie-Part a fait de même. Aujourd’hui, le site Tsa commet un article qui est un plaidoyer pro-domo de l’entreprise portuaire. L’appel à la marche du 3 Juillet du comité de soutien exigeant le départ du directeur du port, commenté en deux lignes, est subitement présenté comme une action à visée « politique » au motif qu’il intègre la marginalisation économique de la wilaya alors que la même revendication figurait dès le premier jour dans les objectifs dudit comité. Pire, les arguments à géométrie variable du shérif fonctionnaire, exposés sur deux paragraphes, sont avancés comme des évidences alors qu’ils contredisent mot pour mot ses propos antérieurs. Déstabilisé par l’autorisation donnée au sulfureux homme d’affaire Kouninef qui réalise le même projet à Djendjen, M. Djelloul Achour change brusquement de fusil d’épaule. Il oublie les risques de pollution sur lesquels il avait construit son refus de décharger les équipements de Cevital ; refus initialement condamné par la justice avant intervention d’Alger, et justifie désormais sa décision par le fait que l’implantation d’une unité de trituration de graines oléagineuses poserait des problèmes « de concentration d’activité industrielle ». Quand bien même cette observation serait-elle recevable que son traitement relèverait des directions de la protection civile, de la sûreté, de l’urbanisme, de l’environnement, des travaux publics mais en aucune façon d’un directeur de port qui aura décidément tout fait pour mériter son surnom de vice-roi.
A noter que tous ces supports médiatiques qui ont sollicité auprès de Cevital, à un moment ou un autre, des annonces publicitaires, jugées par eux insuffisantes, bénéficient de la part des pouvoirs publics de tolérance pour leur agrément, de facilités dans leurs activités ou de diverses largesses. Ceci pouvant, peut être, expliquer cela.
De son côté, le FFS qui vient de réduire sa première expression dans la nouvelle mandature à une rachitique intervention avant de s’abstenir sur un programme du gouvernement alarmant pour les couches populaires, semble définitivement installé dans sa niche au sérail. Dans ce conflit où le droit, l’avenir économique et social d’une région déjà enclavée sont dangereusement menacés, il fait le dos rond quand il ne participe pas ouvertement à la curée avec les prédateurs.
Le diable se cache aussi dans les détails.
Rabah Lounes.