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CEVITAL A BEJAIA : Mécanismes et raisons d’un blocage

Le ton monte à nouveau entre Achour Djelloul, directeur du port de Bejaia qui bloque les accostages des matériels destinés à Cevital et le comité de soutien constitué pour venir en aide aux travailleurs de ce groupe, premier contribuable privé de la wilaya; comité qui en a profité pour élargir sa mobilisation contre toutes les annulations ou la révision à la baisse que connaissent de nombreux projets dans la région comme le lancement d’un méga complexe touristique à Tichy, le CHU, la pénétrante de l’autoroute…

Le responsable du port, dont le fils et la belle fille sont employés à Cevital !repart de plus belle après la démonstration de force qui a vu des milliers d’employés, de simples  citoyens, des élus, des militants politiques ou syndicaux  et des universitaires battre le pavé le jeudi 25 mai dans la ville des Hamadites pour exiger de la wilaya un arrêt immédiat des abus qui mettent en péril le quotidien de milliers de familles et, plus généralement, l’avenir du développement régional. 

Bénéficiant d’un accès complaisant aux medias publics et certains titres de la presse para- publique, Achour Djelloul très remonté se répand en fake-news, allusions et diversions sans pour autant répondre à la seule question qui lui est posée par le comité : pourquoi outrepasse-t-il ses attributions en bloquant les accostages d’un opérateur dont il exige de connaitre la destinée finale des équipements alors que la chose ne relève en aucune façon de ses prérogatives ?

Depuis, d’autres interrogations hantent les foyers et animent les cafés de la ville. Pourquoi un pouvoir aux abois face à une crise sociale qui menace ses fondements s’oppose-t-il, en violation des lois en vigueur, à l’extension d’un complexe agro-industriel pouvant créer des milliers d’emplois directs et des dizaines de milliers d’autres indirects ?

Pourquoi une décision de justice rétablissant Cevital dans ses droits est-elle annulée dans la journée pour être aussitôt remplacée par une sentence qui dénonce la première ?

Pourquoi un directeur de port, à la veille de la retraite, originaire de la région, s’expose-t-il dans une aventure qui le met face à ses concitoyens avec lesquels lui et les siens sont appelés à vivre ?  

Pourquoi les mêmes équipements sont débarqués au même moment au port de Djendjen, c’est à dire à quelques dizaines de kilomètres à l’est de Béjaia ?

Les questions du comité de soutien sont nombreuses. Toutes sont restées sans réponses.

D’où les spéculations.

S’il exécute autant de dépassements dans sa propre ville et s’il ne veut ou ne peut pas démissionner, c’est qu’il est tenu par de sombres affaires que n’ont pas à payer les enfants de Bgayet, laissent entendre les dirigeants du comité de soutien ce mardi. 

Certains commentateurs estiment que le but de ces obstructions est de pousser le groupe Cevital, déjà ostracisé, à des réactions que des clans qui veulent en découdre avec leurs adversaires du régime espèrent faire dégénérer si le comité de soutien ne parvient pas à bien maitriser le déroulement de ses manifestations.

D’autres suggèrent que Bouteflika qui a toujours eu du mal avec des Kabyles insoumis a décidé de faire chuter Cevital, d’où l’annulation illégale du rachat du groupe El Khabar.

Ces raisons et certainement d’autres existent. Elles ne sont cependant ni les seules ni même les plus importantes.

Le trio Said Bouteflika, Ali Haddad, l’énigmatique Kouninef, qui vient de perdre Bouchouareb pour cause trop grande allégeance avec certains milieux industriels français, estiment certaines niches des services de renseignement, mais aussi à cause de ses appétits jugés trop égoïstes, ne veulent pas que l’usine de trituration de graines oléagineuses à laquelle sont destinés ces équipements soit réalisée avant la finalisation de celle que construit Kouninef à Jijel.

Pour conduire une procédure illégale aussi préjudiciable sur le plan national mais également au regard de ses impacts sur les investisseurs étrangers que l’on s’essouffle à vouloir attirer en Algérie, le trio doit disposer de relais soumis qui ne peuvent pas dire non à ses injonctions. D’où le choix de Bouchouareb avant qu’il ne soit éjecté et le directeur du port dont la gestion solitaire, sujette à caution, limite largement l’autonomie de décision si l’on en croit des syndicalistes de cette entreprise qui ont refusé de joindre leur signature à un appel assez confus inspiré par le directeur pour tenter de faire avorter la marche organisée par le comité de soutien.

En Algérie, la corruption au sommet s’appuie sur la corruption locale. L’État a beau être en décomposition avancée, le système mafieux garde toujours ses hiérarchies, ses mécanismes  et ses cohérences.

Nous reviendrons plus longuement sur le rôle et l’ascension de Kouninef sous le règne de Bouteflika.

Kassa Aïdli

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