Tout le monde s’accorde à dire que le plan d’action du gouvernement Tebboune est parsemé de généralités et d’affirmations en résonance avec l’air du temps mais sans substance. C’est valable pour la réforme fiscale qu’il réduit à la modernisation de l’appareil de recouvrement des impôts, c’est le cas pour la filialisation dans l’agriculture qu’il énonce comme allant de soi alors que le mur du morcellement du foncier agricole n’est même pas évoqué. Cette sorte de dérivée de la méthode Coué, on la retrouve dans les objectifs fantaisistes de l’installation d’énergie éclectique sans dire d’où l’argent viendra pour le financement ou alors la progression du PIB au moment où aucun mot n’est écrit sur la politique industrielle en dehors de l’encouragement des start-up (un mot à la mode). Il y a donc des vœux mais sans donner la méthode ou le comment : une sorte de feuille blanche que le gouvernement remplira à sa guise au fur et à mesure.
Le comble de ce procédé est relatif à l’introduction des subventions ciblées. Il est écrit « le gouvernement œuvrera à lancer une large concertation impliquant le Parlement, les partis politiques et la société civile en vue de l’adaptation progressive de la politique des transferts sociaux, afin de lui apporter plus d’efficacité et d’efficience et d’asseoir une plus grande justice et d’équité sociales, à travers le pays ». Cette tentative grossière d’associer les partis politiques à la réduction des transferts sociaux témoigne pour le moins de l’incapacité du gouvernement à définir une politique économique et sociale cohérente et qui sera acceptée par la large majorité. La fraude pour s’emparer de la majorité ne suffit plus. Il faut que les partis d’opposition se mouillent pour faire le sale boulot.
Rabah Said