« Je partirai si un investisseur met sur la table 20 milliards ( de centimes NDLR ) », se contente de répéter l’inamovible président Moh Cherif Hannachi.
Ce samedi encore, des centaines de supporters ont organisé un rassemblement à la place Matoub Lounes pour exiger le départ de l’homme dont la gestion est dénoncée par les anciens joueurs comme les supporters depuis des années. Bien maigre mobilisation pour ébranler un dirigeant qui a décidé de défier l’opinion kabyle.
Après dix huit mois d’activité dans le staff, le défunt Kamal Aouis, ancienne gloire, avait fui la direction du club « devant les sacs d’argent dont personne ne pouvait contrôler ni l’origine ni la destination » avait-il alors publiquement déclaré. Le «comité de sauvegarde de la JSK», mis en place par Ali Fergani, ex-capitaine des Verts et de la JSK à l’époque où l’équipe kabyle caracolait en tête de chaque championnat, ne semble pas avoir plus d’effet.
Du coup c’est l’impasse : aucun investisseur ne veut approcher le tunnel financier de la JSK si un audit transparent n’est pas fait. De son côté, Hannachi ne veut surtout pas d’expertise indépendante.
Des actionnaires, peu nombreux pour l’instant, pensent sérieusement à saisir la justice pour débloquer la situation au civil ou même au pénal.
L’affaire est compliquée. La déchéance de la JSK n’est qu’un problème parmi d’autres en Kabylie. Hannachi colmate ses contre-performances sportives par les baltagias locaux. Et en cas de besoin, il sait qu’il pourra toujours en appeler à ses mentors d’Alger pour donner un coup de pouce en fin de saison et éviter la relégation. Les parrains ont besoin d’une JSK faible et maitrisée. Priver la Kabylie des symboles et repères qui ont fait sa force est un enjeu capital pour le régime.
A noter qu’un autre club de football kabyle, le MOBéjaia, a connu une saison tout aussi chaotique avant de descendre en ligue 2.
Les secteurs de la culture et du sport en Kabylie sont livrés à une politique de mercenariat. Ils ne sont pas prêts de voir le bout du tunnel tant qu’Alger garde la main sur les décisions stratégiques dans la région. En bloquant les initiatives efficaces et crédibles, le pouvoir ouvre la voie à la surenchère populiste. La boucle est bouclée.
Akli Rahmoune