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AU CŒUR DU DISPOSITIF SELLAL AND CO : Rahiel, l’artificier de l’ombre

Ameslay a été premier à annoncer le 5 juillet la descente aux enfers du trio Sellal, Haddad, Bouchaouareb. Précédant sa bande dans la déchéance, Benyounes, le quatrième larron d’un groupe qui a méthodiquement aspiré une partie conséquente de la ressource publique, avait défrayé la chronique quelques semaines auparavant en se faisant rejeter son ministre du tourisme 48 heures après sa nomination. Il  en fut amer car il avait pressenti chez son trublion de candidat de sérieuses capacités à explorer avantageusement un des derniers secteurs où lui-même n’avait pas encore opéré.

Dans cette armée mexicaine où il y a plus de généraux que de soldats, on aurait cependant tort de sous-estimer la science de Mustapha Rahiel, l’agent obscur qui a consciencieusement amorcé les bombes financières de  tout ce beau monde. Il a, en effet, su servir les quatre sagouins, gérer et même tirer avantages de leurs oppositions conjoncturelles, tout en se servant avec une constance et une discrétion dignes des meilleurs courtiers de la gouvernance sous-terraine mondiale.

Bon sang ne sachant mentir, la perle rare a été repérée par le fouineur El Hadi Ould Ali, quand l’homme était DRAG à la wilaya de Tizi Ouzou. A l’époque, les petites combines étaient du niveau des responsabilités : modestes mais déjà bien ajustées. Prospection puis racket des émigrés qui cherchent un lot de terrain, détournement des allocations destinées aux associations, surfacturations sur des chantiers dûment sélectionnés…

Le petit roublard, Ould Ali,  recommande Rahiel à Benyounes quand ce dernier est nommé ministre de la santé, lequel le place à son cabinet où se sont « invités à se confesser » tous les grands importateurs de médicaments. Par cette recrue, Ould Ali vient de réussir son baptême de feu. Haddad se souviendra de lui quand il aura besoin d’un ministre de la jeunesse et des sports qui n’est pas trop regardant sur les surfacturations des stades qu’il réalise et qui accumulent retard et procédures judiciaires avec des partenaires étrangers qui se défilent les uns après les autres.  

Voyant l’étendue de la palette de l’artiste Rahiel, Benyounes le nomme rapidement secrétaire général. Il ne décevra pas. Le jeune prodige confirme rapidement ses galons et fait aussitôt exploser les commissions. Par une étrange décision, Bouteflika transfère le gourmand ministre de la santé aux travaux publics. Qu’à cela ne tienne, l’irremplaçable Rahiel suit son parrain qui lui confie la même responsabilité : SG. Mais l’insatiable Benyounes est  débarqué pour « abus d’avantages » et le ministère est confié à Sellal…qui garde Rahiel… au même poste. On ne change pas une équipe qui gagne. Après plusieurs opérations douteuses, le même Sellal est affecté au ministère de l’hydraulique. Les compétences, pour ce qui intéresse nos ministres, étant rares, il embarque Rahiel avec lui.

C’est à cette époque que Haddad décroche ses premiers vrais gros contrats publics. Trop gros. Même pour le duo Bouteflika-Toufik, pourtant très compatissant devant les tentations humaines – qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à encourager pour mieux tenir leur monde – les « tarifs pratiqués » par Sellal sont jugés « hors budget ». Il est viré. Le précieux Rahiel est alors récupéré par Haddad pour gérer «  l’administration de l’USMA » où sont épongées les dépenses les plus encombrantes. Le surdoué fait merveille.

Quand, grâce à Toufik, Sellal, sortant de sa courte traversée du désert, est propulsé premier ministre, il a une pensée émue pour ce collaborateur qui sait si bien deviner, et même anticiper, les attentes de ses chefs.  L’artificier est si efficace qu’il est placé comme chef de cabinet avec rang de ministre. Tant d’abnégation doit bien mériter de l’Etat.  

Pendant une quinzaine d’années, il y a eu beaucoup de hauts et quelques bas dans le quatuor infernal mais en bon soldat, Rahiel a traversé tous les remous ; il a même réussi à en bonifier certains. Une vraie mémoire de Cosa Nostra. Un marqueur qui pourra, qui sait ?, intéresser les enquêteurs à la recherche de traçabilités dans les fortunes fulgurantes des quatre lascars.  

 

Rabah Lounis

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