La grande mosquée d’Alger fait encore parler d’elle. Le minaret destiné à octroyer à Bouteflika la primeur de la publicité religieuse en Afrique risque de se fissurer.
En effet, les Chinois en charge du projet ont éprouvé des difficultés à faire parvenir aux niveaux les plus élevés le béton nécessaire à l’achèvement de son sommet. La solution trouvée a été d’alléger le mortier en le diluant par le rajout de grandes quantités d’eau. Cependant, quelques jours plus tard, de grandes taches tranchant avec la couleur générale de ton gris souris de la construction apparaissent sur le dernier tiers du minaret.
Dans l’entreprise chinoise c’est la panique. Des équipes de peintres sont chargées de trouver des échantillons de peinture qui se fondent avec le crépi du bâtiment. Mais avec la canicule, les essais ne parviennent pas à rétablir une teinte harmonieuse qui dure. Des plaques lacérées par des zébrures disgracieuses se dégagent sur les façades Est et Sud notamment ; celles-ci étant les plus exposées aux rayons solaires. L’incident n’est pas banal. Un des spécialistes appelés sur site affirme en off que « ces défauts peuvent provoquer à terme des fissures qui ne résisteraient pas à des secousses de moyenne intensité dans une ville située dans une grande faille sismique. »
Le cimentier français Lafarge, fournisseur du chantier, a déjà tenu à dégager sa responsabilité et assure que ses produits ne sauraient être associés à cette malfaçon.
Ce dernier problème survient après des études de fondations inappropriées qui avaient nécessité un surcoût conséquent pour consolider les bases de l’édifice.
Autre avatar, pour sauvegarder l’esthétique de la célèbre baie d’Alger, des architectes avaient supplié de ne pas défigurer l’écrin qui abrite la capitale par un interminable socle horizontal rappelant un mur de prison. Ils furent sèchement renvoyés à leurs études par la présidence qui tenait d’abord à faire de l’ombre à la mosquée Hassan II de Casablanca. Cette dernière qui a aussi coûté une fortune a été réalisée par le constructeur français Bouygues. Cela n’empêche pas son entretien de devenir aujourd’hui un cauchemar financier pour Rabat.
Minée à sa base, ébranlée au sommet, la réalisation voulue par Bouteflika comme la consécration divine de ses quatre mandats est le totem d’un règne qui a englouti plus de 800 milliards de dollars pour les résultats que l’on sait.
Le régime algérien s’appuie sur deux piliers : l’armée et la surenchère religieuse aujourd’hui symbolisée par la démesure de la grande mosquée. Nul n’a le droit de connaître les coûts de ces deux structures. Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Louisa Temime