Lors de sa visite, le jeudi 03 août, dans la wilaya d’El Tarf, le ministre de l’intérieur, des collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, a déclaré que plusieurs individus qui étaient à l’origine de feux de forêts ont été arrêtés et présentés devant la justice. Il s’agirait de quatre individus dans la wilaya de Boumerdes et d’autres dans la wilaya de Bouira.
Une communication chaotique
La première observation qu’inspirent ces propos est la banalité dans laquelle ils sont délivrés alors que des milliers d’hectares flambent et que la majorité des citoyens dans de nombreuses localités du nord du pays sont quotidiennement confrontés aux feux et à leurs conséquences, parfois dramatiques, sur leurs vies.
La deuxième observation qui découle de la première est l’imprécision manifeste de l’information donnée comme un simple fait divers.
Le phénomène n’est pas propre à notre pays; dans de nombreux cas la main de l’homme est derrière des incendies.Mais on ne lutte pas cas contre ces criminels en choisissant une communication chaotique parce qu’il s’agit aussi de mobiliser et de sensibiliser autour de ce fléau pour prévenir d’autres cas.
Tous les spécialistes savent que la protection du tissu végétal est d’abord tributaire d’une politique de prévention.
Les moyens d’intervention limitent les impacts à condition que le volet préventif permette des alertes rapides et des aménagements territoriaux adéquats pour des interventions efficaces.
La mafia du foncier et la part de la lutte anti terroriste
C’est dans ce domaine de la prévention, y compris en terme de répression contre les auteurs d’infractions, que le dispositif est perfectible.
La vox populi évoque souvent la mafia du foncier, notamment dans les wilayas côtières, et la traque de terroristes par les services de sécurité.
En août 2012, la Fédération des travailleurs des forêts, de la nature et du développement rural (UGTA) désignait des lobbies d’affairistes comme étant derrière les incendies, en écrivant dans un communiqué que « les mises en feu sont délibérées, simultanées et planifiées dans le temps et dans l’espace, à travers le choix des zones de départ du feu, pratiquement inaccessibles aux premières interventions ».On ne sait pas si cette accusation a donnée lieu à des suites.
Sur la traque terroriste, les chiffres disponibles ne permettent pas de faire une lecture sérieuse. En parcourant les statistiques des dégâts occasionnés (1985-2010), on retrouve un pic important de 271 598 hectares brûlés en 1994, 58 681 en 1993 et des remontées en 2000 et 2007 autour de 50 000 ha. Si pour les années 1994 et 1993, la situation sécuritaire a probablement influé (opérations des services de sécurité ou actions criminelles des terroristes dans leurs retraites….) cela n’explique pas la fréquence des départs de feu et l’amplitude des dégâts.
Par contre, au plan réglementaire, la loi générale sur les forêts qui date de 1984 gagnerait à être révisée au moins dans son volet de la dissuasion.
Rabah Saïd