Il apparaît de plus en plus que l’option Tebboune est une carte tirée à la dernière minute par Bouteflika. Nous écrivions déjà dans un article publier le 22 juin sous le titre « Gouvernement : Tebboune réinvente la feuille blanche » que son plan d’action présenté à l’Assemblée était une suite « de vœux mais sans donner la méthode ou le comment : une sorte de feuille blanche que le gouvernement remplira à sa guise au fur et à mesure ».
« Un pas en avant, deux pas en arrière ! »
Deux mois après son installation, l’horizon est encore plus bouché. Il phagocyte lui-même un dialogue qu’il a annoncé en grande pompe en se réunissant avec le syndicat maison,l’UGTA, et le patronat pour, non seulement, fixer la date de la prochaine tripartite pour le 23 septembre mais aussi demander aux présents de « réfléchir ensemble sur l’ordre du jour ».
Deux semaines avant cela, le jour où il a évité de rencontrer Haddad et Sidi Said à l’école supérieure de la sécurité sociale, il a déclaré à la presse qu’« une circulaire est, d’ores et déjà, prête et est adressée au président de la République pour approbation ». C’était le 15 juillet dernier, il attendait l’accord du chef de l’Etat pour entamer des consultations avec les partis représentés au Parlement et les syndicats, avait-il ajouté. N’avait-il pas reçu l’aval qu’il attendait ? Mystère.
En tout cas, l’impression de va et vient n’est pas circonscrite à ce dialogue. Les mini conseils ministériels qui semblent déjà être la marque du passage de Tebboune à la chefferie du gouvernement se succèdent comme pour suggérer (confirmer) que nous sommes encore au stade de l’étude de l’état des lieux. On se réunit pour ordonner le gel des nouveaux projets dans le montage industriel des véhicules mais point pour informer l’opinion sur les fameux 70 milliards « dépensés sans résultats » par Bouchouareb lequel, selon des écrits de presse ,est chassé du Club des Pins.
A la place, le ministre de l’Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, annonce « la création d’un Conseil national de concertation pour la PME/PMI pour favoriser le dialogue et la concertation ». On se réunit aussi pour haranguer les banques publiques (ont-elles les moyens financiers et juridiques ?) afin de jouer leur rôle dans l’agriculture après avoir fait le constat que l’équipe précédente s’est servie à satiété de concessions agricoles.
En attendant, les prix des produits alimentaires grimpent, les plages sont squattées par « des concessionnaires-voyous », les feux de forêts reprennent, l’eau potable fait défaut dans de nombreuses localités du pays et les pannes sur le réseau éclectique se multiplient dans un été bien parti pour battre les records de chaleurs. Dans cette atmosphère où la communication officielle semble passer par les cimetières, il faudra peut être attendre qu’une autre personnalité nationale trépasse pour surveiller les comportements de Haddad, Said Bouteflika et Tebboune.
On dit que Bouteflika a disparu des radars, Ouyahia s’est tu et plusieurs organes dont Ameslay titrent sur des démissions de militants de partis politiques « par centaines » ; à se demander, depuis quand et où ces troupes de déserteurs s’étaient-elles cachées pour proclamer à l’unisson derrière un clavier d’ordinateur leur mal de considération. Pas de panique, Tebboune promet une rentrée sociale « apaisée ».
En attendant aussi – surtout – on ignore les raisons qui ont poussé le chef de l’Etat à palier à une urgence ou à user prématurément d’une carte qu’il garderait sous la main ?
Rabah Saïd