Le directeur du port de Bejaia, Djelloul Achour, qui clame à qui veut l’entendre qu’il a le soutien de Said Bouteflika et de Kouninef, vient de se distinguer encore hier en interdisant le déchargement de seize containers importés par Cevital à bord d’un navire affrété par la compagnie française CMA CGM. Ce faisant, il viole les lois algériennes et, plus grave, contrevient aux accords bilatéraux qui lient l’Algérie à ses partenaires européens.
Djelloul Achour qui se substitue à la fois aux douanes, aux services de sécurité et aux ministères du commerce, de l’environnement et de l’industrie n’en est pas à son premier esclandre. Sauf que cette fois il risque de provoquer un incident diplomatique puisque l’Algérie a signé des accords avec la France et plus généralement l’Union européenne qui obligent ses infrastructures portuaires à rester dans le strict cadre de leurs missions consistant à vérifier la nature des marchandises, le tonnage et la nationalité des navires. Faute de quoi, les bateaux algériens se verront interdits d’accostage dans tous les ports européens. Pour un pays dont la quasi totalité des besoins dépend des importations, la facture des ruades « djellouliennes » risque d’être lourde financièrement et explosive socialement.
Ouyahia, toujours jaloux de ses prérogatives, va-t-il faire entendre son autorité devant des violations récurrentes de la loi par un apparatchik couvert par les réseaux puissants mais sans aucune responsabilité officielle. Pour rappel, il fut le premier à avoir dégainé contre Cevital lors du rachat du groupe El Khabar, criant au danger du monopole médiatique avec les résultats que l’on sait : un scandale judiciaire dont l’Etat de droit qu’il vante n’est toujours pas sorti. Néanmoins, devant les abus commis par le directeur du port de Bejaia, il avait exprimé une certaine prudence, déclarant que la gestion du conflit opposant le port de Bejaia au groupe Cevaital n’est pas la plus rationnelle.
Et maintenant que l’irrationalité risque de conduire le pays à une crise diplomatique majeure avec de sérieuses incidences économiques et sociales dans un climat sous haute tension, osera-t-il commettre une « sale besogne » en faisant valoir le droit, sachant qu’il aura à affronter directement le frère du chef de l’Etat ? Ce test de crédibilité conditionnera toute la suite de son discours politique.
Et si, pour contredire mon confrère Rabah Lounis qui notait qu’il « n’a jamais dit non », Ouyahia démissionnait s’il devait être obligé de subir la loi du milieu ? Ce serait un grand message et, enfin, une vraie réforme.
Akli Rahmoune.