L’exhibition de l’article 102 de la nouvelle constitution fait office de programme politique pour des cercles de discussion dont l’impératif de la visibilité médiatique est la principale activité. Les Unes fantaisistes de la presse sur « une sortie de crise » par le biais de la procédure d’empêchement légal n’ont pas échappé au président de l’Assemblée. Elles ont même été du « pain béni » pour monsieur Bouhadja, le président de l’APN lors de son discours d’ouverture de l’année parlementaire, le 04 septembre, pour rappeler « à tous ceux qui tentent de semer le trouble sur les institutions de l’Etat …que le président de la république est le garant de la constitution et de la sécurité et le fondement de la stabilité. »
Pour les lecteurs novices en droit ou tout simplement en politique, cet article 102 est une disposition légale qui peut permettre, en théorie, au conseil constitutionnel d’initier un processus d’empêchement du chef de l’Etat pour raison de santé par exemple. Il faut évidement que le conseil constitutionnel s’auto-saisisse. Dans l’ancienne constitution cette procédure pouvait être déclenchée par l’article 88. A propos de la santé du chef de l’Etat, en décembre 2012, le président du RCD avait mis en garde lors d’un conseil national que « son état de santé, qui n’est pas pour l’excuser, le rend incapable de gouverner et sa destitution, en vertu de l’article 88 de la Constitution, est une urgence si on veut freiner la précipitation et l’aggravation de la crise institutionnelle et politique ». Pour ce qui de la crise, on y est.
Mais ce constat fait, il ne s’agissait pas de donner des conseils au régime, il n’en avait pas besoin de toute façon. Cette initiative doit s’accompagner par l’urgence de la dissolution de la police politique par laquelle le régime se maintient, avait ajouté Mohcine Bellabas.
Exhiber l’empêchement du président, n’est pas synonyme d’alternance. Au mieux, le résultat serait une alternance clanique car la demande est faite au système politique. L’exigence de la destitution de Bouteflika et du démantèlement de la police politique est un mot d’ordre mobilisateur ; il s’adresse aux forces politiques et sociales pour s’organiser et en finir avec le système. C’est cette mobilisation que le RCD avait cherché à enclencher, en vain, à travers les regroupements autour de la plateforme de Mazafran.
Ouamar Saoudi