NACER DJABI AU CAMPUS DE JEUNES DU RCD : « l’Algérie est le seul pays au monde où à 70 ans ils se croient encore jeunes »
Par Kassa Aïdli
Nacer Djabi, sociologue et chercheur, a animé une conférence-débat devant une forte présence de jeunes du RCD lors de la dernière journée des travaux de leur Campus d’été et a traité du thème d’actualité de la « Crise politique et la transition démocratique en Algérie ».
Dans sa présentation, il reviendra sans cesse sur le conflit générationnel que connait la sphère politique nationale, à ses yeux, « il faudrait arriver à construire un accord sur la nécessité d’un changement……et pour cela il faudrait des élites et des institutions viables ». Dans le cas du pays pour le moment, les « facteurs économiques et sociaux sont mauvais et cela complique d’avantage cette transition nécessaire », avant d’ajouter que l’Algérie « a raté le coche de ce changement à deux reprises, durant les années 90, où la négociation était quasi impossible du fait de l’immuabilité des lignes et la seconde durant les années 2000, où on a connu une aisance financière et où le système a préféré clientéliser des franges de la société via la corruption et les passe-droits, ce qui a enseveli la citoyenneté ».
Pour M. Djabi, « au jour d’aujourd’hui, il n’y a aucune cohésion dans le discours officiel des gouvernants ».
Pour le conférencier, ce sont les mésententes et les rumeurs qui ont empêché les acteurs politiques de discuter et de trouver un « réel » consensus autour de la transition, en sus de l’absence d’une vie culturelle et épanouie dans les villes, ce qui induit indubitablement un gouffre politique dans la rue algérienne. Pour lui, la transition démocratique en Algérie, si elle doit avoir lieu, viendra par l’aspect démographique et non générationnel.
Pour monsieur Djabi, la composante politique nationale est composée de trois générations :
La génération gouvernante, qui n’est qu’une minorité démographie mais qui règne depuis trop longtemps, elle a eu son « moment générationnel » lors de la guerre de libération nationale et depuis, elle ne lâche pas les rênes du pouvoir ;
La seconde génération, celle des technocrates est celle post-indépendance, cette dernière a construit l’État et gère le pays, rêve d’accéder au pouvoir mais n’ose affronter la première ;
La troisième, la plus forte démographiquement est celle des jeunes qui ne rencontre pas les deux précédentes, déteste la première et qui ira vers un affrontement en sacrifiant la deuxième génération nommée par M Djabi « la génération sandwich ».
Pour finir et à la lumière de cette analyse, pour M Djabi, le pays est confronté à deux scénarios possibles :
Le premier, l’optimiste où la transition est réussie via un consensus et des élections libres et transparentes. Très peu probable pour le conférencier ;
Le second, le pessimiste ou le scénario à risques, la première génération ne veut pas partir et s’accroche au pouvoir, ce qui amènera sans nul doute la troisième génération vers des actions de rues pour la faire dégager.
Dans la foulée de cette passionnante conférence, les jeunes du RCD, ne se sont pas fait prier pour débattre avec M Nacer Djabi.