Ce n’est pas en fin de mandat qu’on entame les réformes structurelles qui par nature impliquent une transition souvent compliquée voire impopulaire. Pour faire simple, on ne touche pas à la structure des subventions, du fonctionnement des caisses sociales ou à l’assiette des impôts à une année d’une élection présidentielle.
Ahmed Ouyahia n’en finit pas de se contredire, de provoquer et finalement de s’exciter pour plaire, du moins le croit-il, à ses parrains.
En conséquence, le projet de loi de finances 2018 reconduit les mêmes orientations. C’est ainsi que le budget 2018 prévoit une dépense globale de 8628 milliards de dinars avec la part allouée au fonctionnement qui culmine à 4584 milliards de dinars et un budget d’équipement qui se chiffre à 4043,31 milliards de dinars.
Ce niveau de gonflement de la dépense que beaucoup d’observateurs assimilent à celui de la période où « le baril de pétrole se situait confortablement au-dessus de 100 dollars » n’est pas une surprise. Ouyahia, en vassal du système, a été dépêché à l’Assemblée pour plaider le retour à la dépense, après avoir annoncé la faillite financière, par la simple grâce de l’impression de billets de banque.
Comme l’ont souligné plusieurs députés, notamment ceux du RCD, lors du débat sur le plan d’action du gouvernement, la mission de ce premier ministre est de soumettre l’économie nationale à la planche à billets pour évacuer tout débat sur la recherche d’alternatives durables. Une forme de retour virtuel à l’embellie financière, permise par un baril à plus de 100 dollars durant les années 2000, par la simple magie de la fabrication de billets de banque pour réalimenter les circuits de la rente en polluant les agrégats économiques.
Le prix à payer par les populations et l’économie nationale risque de mener le pays vers des dérives encore plus graves. Cette folie dépensière inhérente à la nature du système est antinomique d’une quelconque réforme. La reconduction de cette politique alors que la crise de liquidités est réelle ne peut que conduire le pays à des révisions déchirantes qui ne manqueront pas de déborder sur les équilibres institutionnels et politiques de l’Etat.
Rabah Said