Elections présidentielles 2019 : Des personnalités appellent à un front contre Bouteflika
Trois personnalités nationales et non des moindres, à savoir Maitre Abdennour Ali-Yahia, Rachid Benyelles et Ahmed Taleb-Ibrahimi, se sont exprimés hier publiquement contre une éventuelle candidature de l’actuel chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à un 5ème mandat pour l’élection présidentielle de 2019.
Dans une déclaration rendue publique dans la journée d’hier et ayant pour titre « ça suffit », les trois personnalités appellent toutes les forces vives du pays à constituer un front contre la candidature à un 5ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Les rédacteurs de cette déclaration se sont attaqués à l’entourage du chef de l’Etat qui, selon eux, s’est indument enrichi pour constituer un cercle de décision d’oligarques qui profitent de la situation héritée depuis l’AVC d’Abdelaziz Bouteflika et sa première hospitalisation en 2013.
L’état de santé du premier magistrat du pays et son absence sur la scène nationale et internationale sont l’une des urgences qui ont fait réagir les trois rédacteurs afin d’alerter l’opinion publique, à moins d’un an et demi de l’élection présidentielle d’avril 2019 et au moment où certaines voix commencent à relancer les appels de soutien à un 5ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika, ou même à la candidature de son frère cadet, Said Bouteflika.
‘‘Au-delà des conditions particulières dans lesquelles il avait été porté au pouvoir en 1999, ou des ajustements successifs de la Constitution pour en faire un document assurant une présidence à vie, le chef de l’Etat actuel, très lourdement handicapé, notamment depuis sa deuxième hospitalisation à l’étranger en mai 2013, n’est manifestement plus en mesure de continuer à diriger le pays. Totalement absent de la scène nationale et internationale, il apparaît, dans les rares occasions où il est exhibé pour dissiper les rumeurs et montrer qu’il est toujours en vie, dans un état de délabrement physique qui ne laisse aucun doute sur son incapacité à gouverner.’’ Pouvons-nous lire d’emblée dans cette déclaration. Cela avant d’ajouter que ‘‘Dans tout autre pays démocratique, pareille situation aurait conduit, soit à une démission librement exprimée par le Président, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, soit à la destitution de celui-ci par voie constitutionnelle. Hélas ! Pas en Algérie où l’état d’empêchement, pourtant prévu dans l’article 102 de la Constitution, ne peut être appliqué tant que les institutions chargées de sa mise en œuvre sont aux ordres de ceux qui détiennent véritablement le pouvoir, à savoir l’entourage familial du Président et un groupe de puissants oligarques disposant des richesses du peuple selon leur bon vouloir.’’ soulignent les trois anciens responsables aujourd’hui en retrait de la vie publique.
Enfin, ces personnalités n’ont pas hésité à lancer un appel à l’armée pour ne pas prendre position en faveur de ce « clan », comme on pouvait lire. ‘‘Quant à l’Armée nationale populaire qui demeure encore l’institution la moins dépréciée du pays, le moins qu’elle puisse faire, à défaut d’accompagner le changement qui s’impose et de participer à l’édification d’une République véritablement démocratique, c’est de se démarquer de manière convaincante du groupe qui s’est emparé indûment du pouvoir et entend le conserver en laissant croire qu’il a le soutien de cette même institution.’’
Rabah Kacimi