Ahmed Ouyahia, fidèle à lui-même, en populiste arrogant, annonce la mise sur le marché financiers de ‘’produits bancaires hallal’’, et nous assure qu’elle va permettre, de récupérer une bonne partie de l’argent qui circule dans les circuits informels. Argent dont les détenteurs éviteraient les circuits formels à cause de ce qu’ils appellent «Erriba », « l’usure », qui serait illicite en Islam.
« Nous allons ramener l’argent de l’informel que nos frères islamistes ne veulent pas introduire dans le circuit légal », a-t-il indiqué le 21 septembre dernier à l’APN. Une déclaration qui, selon les observateurs, n’est rien d’autre qu’un coup de poignard supplémentaire dans le dos de la république et des valeurs républicaines.
Dans la loi de finance 2018, on aura donc recours ouvertement à la « finance islamique ». Cette manœuvre pour le moins dangereuse vient compléter le tableau des dérapages du régime et annoncer la porte ouverte à ceux à venir, simplement et uniquement pour que ce dernier se maintienne en place.
Sans compter que ça sera probablement un énième Flop, et qu’on aura juste apporté la preuve que les détenteurs de cet argent ne veulent simplement pas le mettre dans les circuits bancaires et qu’ils préfèrent rester loin de toutes les taxes. De qui se moque-t-on au juste ? Mais il est vrai que quand on a reçu Madani Mezrag en grandes pompes en tant que ‘’personnalité politique nationale’’, qui plus-est consulté dans l’élaboration de la loi fondamentale, les dispositions d’une loi de finances deviennent anecdotiques. Décidément, il faut s’attendre à toutes les absurdités.
Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se font pas attendre, nous relevons notamment la réflexion de Amar Ingrachen, écrivain et journaliste indépendant, analyse cette manœuvre, et nous éclaire. « En faisant ce qu’il est en train de faire, le Gouvernement Ouyahia espère probablement gagner la sympathie des islamistes après avoir perdu celle des Algériens ». L’équation est simple, poursuit-il en expliquant que quand il n’y a plus rien de consistant à dire aux citoyens, on improvise un discours à l’intention des croyants, la religion étant le refuge ultime de tous ceux qui sont poussés dans leurs derniers retranchements. Le cas d’une bonne partie de nos compatriotes, toujours selon ce dernier.
Après avoir sous-traité une sournoise islamisation de la société avec certains partis et certaines organisations de la société civile, le Pouvoir a à priori décidé, par ces temps de disette, de ‘’prendre la chose en main’’. « N’ayant plus d’autres moyens de s’assurer une survie, aussi courte soit-elle. Et après avoir épuisé la rente matérielle, le Pétrole dans ce cas, il recourt à la rente symbolique, en l’occurrence, l’Islam. » Estime monsieur Ingrachen.
Il n’est plus à démontrer que l’Etat Algérien n’est pas une immaculée république. Toutefois, parce qu’il en a au moins les attributs formels, il va falloir continuer à y croire, avec l’idée qu’un jour, lorsque l’engeance au pouvoir dégagera par un moyen ou un autre, on pourra en construire une qui soit digne de nos rêves. Le désespoir est un luxe dont nous ne pouvons payer la facture.
Mahdi Arezki