Projet de Loi de Finances 2018 : Reconduction des approximations et du leurre des subventions
Le ministre des finances, Abderahmane Raouya, s’est présenté devant la commission des finances de l’Assemblée nationale populaire, tout content d’annoncer que le niveau des transferts sociaux est en hausse de 8% par rapport à l’année budgétaire 2017. A y voir de près, ce qui est rangé dans ce chapitre subventions et exhibé fièrement par le gouvernement pour mettre en avant le rôle social de l’Etat, concerne pour une bonne partie le financement de clientèles et d’allocations budgétaires pour palier à l’incurie d’une gouvernance où le court terme domine. Que l’on juge.
Parmi la liste de cette « générosité de l’Etat », on retrouve des chapitres comme : les emplois d’attente d’activité d’insertion sociale (DAIS), l’insertion des jeunes diplômés , la quote part patronale de la sécurité sociale liée au dispositif de l’Agence nationale de l’emploi, le financement du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle, les pensions des moudjahidine, le différentiel de retraite servi aux moudjahidine, aux militaires et le déficit de la CNR aux cotés du soutien aux prix du sucre blanc et des huiles alimentaires ou du dessalement de l’eau de mer, à l’office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et de la dotation pour le Fonds d’indemnisation des victimes du terrorisme.
Cette façon de procéder pose deux problèmes. Le premier est que le gouvernement use d’un mensonge en prétendant que les transferts sociaux sont destinés à soutenir les catégories les plus fragiles. La subvention pour les huiles alimentaires et le sucre est de 1 milliard de dinars pendant que le fond de soutien public aux clubs professionnels de football dépasse 2 milliards de dinars. La quote part patronale de la sécurité sociale dépasse les 8 milliards de dinars et le « comblage » des trous des caisses de retraites dépasse 600 milliards de dinars, pendant que le soutien aux prix des céréales (OAIC) est de 160 milliards de dinars.
Le deuxième problème est lié au fait que l’absence d’identification des vrais transferts en faveur des produits de large consommation ne permet pas de réfléchir à une stratégie de ciblage des catégories fragiles et d’entamer des réformes pour mettre fin aux transferts en faveur des clientèles du régime ou de palliatif à l’absence de reformes (caisse de retraites). C’est le sens de l’intervention du représentant du RCD dans cette commission des finances.
Concernant les prévisions sur des indicateurs importants comme l’inflation, le PIB, le taux de chômage, le ministre se contente d’affirmations ou d’approximations. C’est le cas sur la croissance économique, les projections du gouvernement tablent sur +4,0, +4,2 et +4,6 pour 2018, 2019 et 2020 alors que la Banque mondiale estime le taux à +1,0 et +1,5 respectivement pour 2018 et 2019, pendant que le FMI projette +0,8 et +1,4.
Interrogé sur de tels écarts, le ministre des Finances n’avance pas d’explications. Il se contentera de dire qu’une délégation du FMI arrivera dans les prochains jours pour séjourner dans notre pays et que les résultats des discussions avec les autorités algériennes seront rendus publics.
Rabah Said