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RIF, CATALOGNE, KURDISTAN : l’étrange silence des élites algériennes

En l’espace de quelques mois les questions du Rif, de la Catalogne et du Kurdistan ont fait irruption dans la scène internationale avec une acuité inédite. Toutes sont a priori susceptibles d’alimenter un débat dense et vif en Algérie, pays agité depuis longtemps par diverses secousses communautaires. Eh bien ! force est de constater que jusque là il n’en a rien été, y compris en Kabylie.

En dehors de quelques articles de presse soporifiques ou polémiques, notamment quand il s’agit du Rif où les commentateurs algériens s’en tiennent à une posture manichéenne qui répercute le vieilles rivalités algéro-marocaines, très peu de reportages crédibles et pas une contribution sérieuse ne sont venus commenter ou analyser des dossiers qui auraient pu légitimement animer la scène algérienne. De la Kabylie jusqu’au Sahara, en passant par le Mzab, des manifestations protestataires sont régulièrement induites par l’inefficacité d’une administration vigoureusement décriée par des populations qui dénoncent des autorités trop éloignées de leurs problèmes quotidiens.

Les courants revendiquant avec plus ou moins de pertinence une refonte du jacobinisme algérien sont restés muets devant les revers essuyés par les indépendantistes catalans et les Kurdes en Irak où les deux communautés ont lancé presque simultanément des référendums en faveur de leur indépendance respective. Pourtant, ces deux peuples ont connu des passés nationaux cohérents et les deux se sont montrés très patients et méthodiques dans leurs démarches. Ils ont, l’un comme l’autre, d’abord longuement débattu de leur statut pour produire des thèses régulièrement mises à jour quant à leur émancipation. Ils ont également mis à profit les différentes conquêtes ou concessions dont ils ont progressivement bénéficié pour structurer des économies performantes et construire des institutions régionales autonomes qui leur ont permis de tester concrètement des gestions décentralisées avant de sauter le pas de l’affranchissement définitif.

En dépit de ces évolutions pragmatiques, les Catalans et les Kurdes irakiens se trouvent confrontés à des réactions abruptes de leurs pouvoirs centraux, le tout aggravé par des indifférences voire des condamnations de la communauté internationale. Ces situations auraient du inspirer des réflexions profondes et soutenues en Algérie. Signe d’une panne de la pensée constructive : il n’en est rien.

Rabah Lounis

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