« Un certain nombre de déclarations rapportées par la presse électronique et quotidienne, hier samedi 18 novembre et aujourd’hui dimanche 19 novembre 2017, stipulent que le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika aurait accordé une audience à Maître Farouk Ksentini qui aurait abordé avec lui des questions ayant trait à la situation actuelle ainsi que les perspectives futures. La présidence de la République dément catégoriquement, autant la véracité de l’audience que celle du contenu qui lui est accolé et considère qu’il s’agit là de pures affabulations », rapporte l’APS qui reprend un communiqué diffusé par la présidence de la république.
Farouk Ksentini n’est pas n’importe quel avocat. C’est lui que Bouteflika, alors au sommet de son magister pour promouvoir l’amnésie sur les crimes de la décennie noire, a chargé pour solder l’épineux dossier des disparitions forcées. Il n’a pas hésité à couvrir la répression à l’encontre des familles de victimes. Devant les documents et témoignages accablants sur la torture, les liquidations extrajudiciaires, les règlements de compte et les charniers creusés par les terroristes de la Mitidja ou d’autres, il s’en est tenu au fameux « l’Etat est responsable mais pas coupable ». La société était alors anesthésiée par une décennie de privations et d’horreurs et la libération d’une manne financière grâce à des prix du pétrole dans une dynamique de hausse sans précédant.
Rien, absolument rien ne peut être exhibé dans le parcours de l’avocat de Blida pour accréditer la thèse qu’il ait agi de lui-même pour divulguer « qu’il était reçu par le chef de l’Etat » et que « ce dernier est partant pour un cinquième mandat ».
A-t-il été reçu ou actionné pour le faire croire? Dans tous les cas l’opération était conçue pour suggérer que Bouteflika reçoit, il va donc bien. Mais plus que cela, il est à l’écoute pour envisager un nouveau mandat de lui-même. Un président « normal », donc. Le brouillage par ce démenti faisait-il parti du montage de la présidence ou alors la mobilisation pour chasser Mugabe fait, à ce point, peur au régime algérien pour « cesser de jouer en quelque sorte avec le feu de la provocation» ? On sait que faute de mettre fin à la gangrène du pouvoir, nous aurons à affronter la gangrène de l’Etat. Un danger d’une autre ampleur.
Rabah Said