Le RCD a, dès le départ, estimé que l’annonce en grandes pompes, par Ahmed Ouyahia, de l’introduction d’un impôt sur la fortune, n’était rien de plus qu’une tromperie. Il s’agissait d’avoir un répit, après l’épisode Tebboune, en donnant du grain à moudre pour une partie de l’opposition qui se nourrit encore de slogans. Aucun économiste ne peut penser un seul instant qu’il serait possible, du jour au lendemain, d’introduire avec sérieux un tel impôt dans une jungle d’informel, de fausses déclarations, d’absence d’un fichier des contribuables et d’un fonctionnement clientéliste de l’administration des impôts. Ceci pour la faisabilité technique.
De plus, taxer à 1% les fortunes (lesquelles ?) ne peut en aucun cas participer de la résolution de la crise de liquidité. Le problème fondamental, en plus de la panne de l’appareil industriel et d’un climat rebutant pour l’investissement, c’est d’élargir l’assiette fiscale, de bannir les quelques 485 dispositions dérogatoires au paiement normal des impôts, l’abandon du forfait pour le paiement au réel et, bien évidement, l’assainissement de l’administration des impôts par l’accélération de la numérisation.
Ce sont ces réformes, inscrites dans le programme électoral du RCD pour les législatives de mai dernier, que le gouvernement ne veut pas entreprendre en raison de sa volonté de maintenir les équilibres claniques et clientélistes, feuille de route réelle du gouvernement Ouyahia jusqu’à l’échéance de la présidentielle de 2019. Cette politique conjuguée au recours à la planche à billet piège toute évolution de l’économie nationale. Elle prépare aussi le défaut de paiement à moyen terme ; lorsque les 88 milliards de dollars du fond de réserve auront été épuisée par les importations.
La polémique autour de la proposition émanant de la commission des finances , dominée par les partis au pouvoir, quand à la reconduction de l’impôt sur le patrimoine (en vigueur) à la place de cet « impôt sur la fortune » confirme que l’annonce d’Ouyahia n’obéit qu’à des calculs politiciens voire strictement électoraux comme le renvoi du vote de la loi de finances après le 23 novembre alors que le bureau de l’APN avait initialement programmé la séance de vote pour le 21 novembre .
Ouamar Saoudi