La planche à billet est la seule bonne réponse à la faillite économique algérienne, a martelé l’irascible Ouyahia ce samedi à Tizi Ouzou devant un parterre rigoureusement filtré. Il confesse que sans cette potion magique, il était impossible de payer les retraites ou les salaires de novembre. Exit donc le vaccin économique miraculeux de Bouteflika qui défiait tous les signaux rouges pointés depuis des années par les observateurs et les partenaires de l’Algérie.
C’est donc sans vergogne qu’Ouyahia assène, cette fois encore, que son choix est incontestable. Il en veut pour preuve que les USA, le Japon et d’autres pays développés ont laissé filer leur inflation à des périodes bien particulières de leur histoire.
Le dollar, monnaie de référence ou le yen, monnaie convertible de la quatrième économie mondiale, seraient donc comparables à notre dinar ! Cette logique implique aussi d’admettre que notre bazar peut rivaliser avec les économies US et nippones dont il partagerait les vertus et, pourquoi, pas les performances !
Il n’y a pas si longtemps Ouyahia, comme d’ailleurs tous les courtisans, vantaient le mystique programme du chef de l’Etat qui allait prémunir les Algériens de l’austérité redoutée par une opposition dénoncée comme « une meute de loups » soucieuse d’assouvir « sa haine bestiale contre le pays ». C’est peu dire que le discours a changé.
Au passage, la situation socio-économique calamiteuse que décrit l’apparatchik patenté est, à l’en croire, due à la météo imprévisible d’un baril capricieux. Un certain personnage nommé à quatre reprises premier ministre et qui a tant vitupéré contre celles et ceux qui en appelaient à un peu plus d’écoute, de pondération et un peu moins de démagogie quand le baril flirtait avec les 150 dollars n’a, selon lui, aucune responsabilité dans le désastre actuel. L’évaluation, l’autocritique ou simplement un minimum de décence sont décidément inconnus de la grammaire politique d’Ouyahia.
Pourquoi un homme qui a fait des études supérieures tient-il à être chaque jour plus honni en proférant mensonges sur mensonges ?
Dire en Kabylie, région qui a le plus pâti de son zèle – dont il espérait qu’il le dédouanerait de ses origines reniées – que la planche à billet est la meilleure solution ou le moindre mal aux drames que vit le pays est une autre imposture. S’afficher brusquement comme un partisan enthousiaste du secteur privé alors que l’on se pose toujours en héritier de Boumediene ou prôner, désormais, l’économie islamiste après avoir fait du déni de l’islamisme la base de toute démarche politique, sont des postures qui ne peuvent que renforcer le profil d’un homme instable, prétentieux, provocateur et opportuniste dans une séquence où la nation a plus que jamais besoin de vérité, de courage et de responsabilité.
Il serait peut être temps que le Kabyle de service sache que la récurrence de la provocation est une forme de désespoir.
Seule consolation pour « l’homme des sales besognes », comme il aime à se définir : Ouyahia vient de valider définitivement son prix Nobel du mensonge.
Rabah Ait Lounis