Les fuites en avant des gouvernements successifs depuis le début des années 2000 ont fini par complexifier le moindre problème dans tous les secteurs d’activité. On sait déjà que le régime ne sait pas gouverner sans manne financière qui lui permet les écarts de tout genre pour clientéliser de nombreux segments de la société et l’entretien d’un appareil répressif adéquat.
Le dernier rapport de la Banque d’Algérie est plus qu’un cri d’alarme. L’archaïsme de tout le système bancaire public souligné avec force par une telle institution officielle indique que le renflouement des caisses (planche à billets) de ces sortes de « souk el fellah » que sont les banques d’Etat qui fonctionnent toujours par coups de téléphone n’est pas une simple alerte. C’est un avertissement qui vient pour signifier que les mêmes causes produisent les mêmes effets puisque la réforme du circuit financier est encore une fois remise aux calendes grecques. Mais le gouvernement peut-il s’engager dans cette voie sans soulever l’opposition des vrais bénéficiaires de l’argent public : pontes du régime, nouveaux riches qui pointent aux marchés publics, importateurs avec des lignes de crédits réservées….Tebboune en sait quelque chose et Ahmed Ouyahia sait à qui il doit sa nomination.
Pour les secteurs essentiels le constat est le même. Dans la santé par exemple, au lieu d’initier un débat sérieux sur les couts, le financement et les performances, les pouvoirs publics reconduisent des schémas des années 80 et crient au déficit du dispositif (hôpitaux, CNAS…) à la moindre baisse des hydrocarbures. On assène aux citoyens que malgré la crise les dépenses de santé ne sont pas touchées.
Rien de plus faux. Dans un pays normal, l’efficacité d’un système de santé cesse d’être à partir du moment où les patients concourent à plus de 20% des frais occasionnés (chacun peut faire le compte, les analyses, les radiographies ou les scanners par exemple sont entièrement à la charge des malades). Un chiffre, l’Etat algérien dépense moins de 400 dollars par an et par habitants (371 dollars en 2015), la France dépense 5 000 dollars et les Etats Unis plus de 9 000 dollars pour chaque citoyen américain. Pourtant une reforme qui va dans le sens d’une santé qui a un cout avec un dispositif de solidarité et une diversité de financements (sécurité sociale, Etat, activités polluantes et nocives à la santé, importation de médicaments…) peut enclencher un processus vertueux.
L’enseignement supérieur n’est pas en reste. Personne n’ose engager des réformes sérieuses disait le professeur Djabi dans son intervention au Café littéraire de Bejaia, le 02 décembre. Pour lui l’université algérienne n’est plus réformable ! Terrible sentence pour quelqu’un qui a résisté aux champs des sirènes ; préférant la lutte et la résistance à une situation confortable ailleurs.
L’accès à l’information à la faveur du développement des nouvelles technologies permet à une frange de citoyens, de plus en plus importante, de vérifier que la gouvernance algérienne est d’un autre âge. Derbal qui a « surveillé » le scrutin législatif et celui des locales estime que les résultats ne reflètent pas la réalité du pays et que « le système électoral est défaillant ». Saurons nous réagir et agir pour sauver notre pays d’un régime ouvertement acquis à la politique néocolonialiste des services français ? Le temps est plus que compté.
Rabah Said