Nous allons encore une fois citer Kateb Yacine. Avouez qu’il le mérite. La première fois c’était quand il disait franchement à Boumediene, dans les années 70 lors de la campagne effrénée pour l’arabisation :
« Si nous sommes des Arabes, pourquoi nous arabiser ?. Si nous sommes des Berbères, pourquoi nous arabiser ? ». Il se raconte que Boumediene a piqué un fou rire en répondant à Kateb ; « Tu oublies mon cher que je suis berbère mais que c’est l’Egypte qui nous livrait des armes ».
Estomaqué par cette réponse, Kateb a juré de ne plus remettre les pieds à El Mouradia. Pour narguer feu le Président, issu d’un coup d’Etat, notre romancier mit en scène une magistrale pièce de théâtre au titre provocateur : « Les bourriques au pouvoir ». Boumediene le convoque illico presto. Kateb n’y va pas. Des agents de la sécurité militaire le chapardent à 3 heures du matin de son minable 01 pièce de la Maison familiale à Ben Aknoun.
Interrogé par le moustachu Houari, l’écrivain lui répond qu’il ne faisait nullement allusion à lui. « Comment croyez vous que la Kabylie a été construite ? » demande sans ambages Kateb Yacine. Pour transporter le ciment, les pierres et le sables, les Kabyles n’avaient ni route, donc ni véhicule ni rien. Ce sont les ânes qui ont fait la Kabylie au dessous du Djurdjura, Monsieur le Président. Et c’est pour cela que les Kabyles sont votre bête noire. Quelles sont les supporters, qui ont osé vous siffler au stade du 5 juillet à part eux ?
Selon sa femme Anissa, toujours en vie, Boumediene depuis cette entrevue, a de tout temps voué le plus grand respect à l’auteur de Nedjma.
M. Kassi