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L’Université algérienne attend toujours sa réforme

«L’université algérienne est en crise». On entend journellement cette expression qui décrit nos universités. En fait, la situation actuelle de l’université de Bouira mérite vraiment cette appellation car elle est l’incarnation de ce constat.

En réalité, une chose est sûre,  c’est que le statu quo de cette institution n’est qu’un résultat de l’accumulation de la médiocrité qui a touché les trois piliers de la communauté universitaire à savoir: l’administration, les enseignants et les étudiants. Selon de nombreux étudiants avec lesquels  nous avons discuté, « l’état de dégradation scientifique et morale amorcée depuis 2012, l’année de naissance de cette institution après avoir été qu’un centre universitaire interpelle les esprits. » Il y a de la responsabilité de tout le monde et tout un chacun est d’accord qu’il faut, tout au moins, étaler les principales questions et poser les vrais problèmes avant de chercher des solutions.

Qui ne se souvient pas des promesses des responsables de cette institution d’enseignement supérieur depuis la date de sa création. L’engagement pris par les premiers responsables à résoudre les problèmes, qui se posaient à toute la communauté universitaire n’a pas été tenu. Les difficultés et les obstacles persistant encore aujourd’hui avec plus ou moins de gravité, sont ignorés.  Ceux qualifiés d’une extrême urgence seront tout simplement renvoyés aux calendes grecques.

Tout d’abord,  il est indispensable de noter le problème de la quantité des étudiants, et l’accès au cycle master pour chacun d’entre eux ayant une licence sans aucune condition ou sélection. Tandis que la majorité des universités sélectionnent les étudiants acceptés en master en tenant compte de leur moyenne et de leur bonne conduite. L’abrogation de cette mesure d’organisation de ces sélections à Bouira, à savoir  « l’exclu du module »  après cinq absences non justifiées qui doit refaire l’année est venue compliquer toute la situation pédagogique et mettre tout le monde en désaccord. Cette mesure n’est plus appliquée et au lieu d’exclure l’étudiant, « l’enseignant (non seulement ne l’exclut pas) mais se contente uniquement de lui donner un zéro aux TD (travaux dirigés) » déclare un étudiant en colère.

Ajouté à ce casse-tête pédagogique, celui des représentations des étudiants. Il y a parfois, selon un enseignant, « une influence négative des organisations dites estudiantines tels que l’UGEL, l’UNEA,  l’AREN…  qui ferment les portes des facultés à maintes reprises, comme et quand bon leur semble,  en créant un climat de désordre et de déstabilisation.» Leurs revendications récurrentes cachent les véritables problèmes des étudiants, « ils se servent de nous pour des intérêts personnels » dira un étudiant de 3éme année de l’ISTAPS. En sus de cela, le retard enregistré à chaque rentrée universitaire, notamment à la faculté des sciences, à tel point que les étudiants n’ont pas, à temps, leurs cartes d’étudiant et de bibliothèque. Ce qui leur bloque l’accès aux bibliothèques et ceux qui ont des exposés à réaliser ou sujets de recherches à traiter attendront toujours.

Il y a également le manque d’encadrement en quantité et en qualité enregistré au niveau de toutes les facultés. La faculté d’économie, à titre d’exemple, emploient un nombre d’enseignants vacataires qui dépassent le double des enseignants titulaires. C’est aussi le cas dans certaines spécialités de la faculté des sciences où l’administration a procédé à l’annulation de certains modules du fait du manque d’enseignants. S’agissant de la validation des modules par certains enseignants, « cela se fait  avec une seule séance de Travaux Dirigés » ce qui est inconcevable car se répercutant automatiquement sur la validité du diplôme algérien à l’étranger. « Une seule séance de TD sans que l’administration ne bouge le petit doigt » tonne un autre étudiant. L’obligation, pour les doctorants, d’utiliser la langue arabe comme langue de rédaction des thèses de doctorat à la faculté de sciences économiques même quand l’étudiant ne maitrise pas cette langue. « L’acceptation ou le refus des articles soumis à la publication à la revue « maarif » au gré des considérations personnelles et non scientifiques est toujours de mise » nous a affirmé un doctorant.

Ajouté à toutes ces contraintes administratives et pédagogiques, le climat d’insécurité qui règne au campus universitaire, notamment avec la facilité d’intrusion d’individus qui n’ont aucun intérêt ou relation avec l’université, n’est pas fait pour instaurer un climat de travail fait de quiétude et de calme. Quant aux bourses d’études, qui sont réservées aux doctorants, « elles sont accordées aux enseignants titulaires » se plaignent les doctorants. Le manque de moyens, de salles de TP (travaux pratiques) à la faculté des sciences, l’inefficacité des conseils de  disciplinaire a fait perdre la rigueur et la discipline dans l’enceinte universitaire. Les étudiants « tricheurs » n’ont jamais subi de véritables sanctions (comme l’exclusion pour 2 ans). On se contente uniquement d’avertissements « pour gagner la sympathie de cette frange d’étudiants récalcitrants et indociles. »

C’est parce que « le changement, pour certains étudiants,  ne viendra pas de l’administration, ou même des enseignants, qui ne sont que le produit de cette administration.» Seuls « les étudiants responsables, libres et conscients peuvent mener un mouvement de réforme qui va entrainer un changement qui éradiquera toutes ces pratiques.»

L’amélioration des climats d’enseignements et de recherches scientifiques pourront faire remonter la pente qu’a prise l’université algérienne depuis des années pour la hisser au rang des grandes universités africaines et internationales. A ce moment là, le mot « UNIVERSITE » ne sera pas un vain mot.                                                                                         Slimane Chabane

 

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