La ministre de l’éducation nationale a décidé d’organiser un « référendum scolaire » dans le but de faire participer les élèves à arrêter les dates du baccalauréat de juin prochain. Cette « consultation électorale », unique dans les annales du système éducatif, se déroulera dans les établissements scolaires du 12 au 15 du mois courant. Ce vote qui sera électronique (celui, toujours électronique, des vrais élections aura lieu en 2022, d’après le ministre de l’intérieur) permettra de choisir entre deux périodes proposées par Nouria Benghebrit, à savoir du 03 au 07 juin 2018 ou du 19 au 24 du même mois de la même année, c’est à dire : pendant ou après le mois de carême ? Ce sont les élèves qui répondront à cette question.
Cette démarche qui se veut, d’après des observateurs, une façon d’acheter « la paix scolaire », l’école ayant été trop perturbée ces dernières années, mais aussi d’éviter encore que les élèves ne descendent à leur tour dans la rue pour exiger le « seuil », entrée dans le jargon scolaire sous le nom de «aataba » et dont l’exigence pointe déjà son nez alors que les élèves inquiets, viennent de reprendre les bancs de l’école après un mois de grève au niveau national et trois mois dans les wilayas de Bejaia et de Blida. C’est fin février dernier et à l’issue d’une session de leur conseil national qui a duré plus de 24 h à Boumerdes que les enseignants affiliés au CNAPESTE ont décidé du gel de leur grève après un appel écrit (une lettre) du président.
Alors que jusque là, le MEN, fort d’une décision de justice rendue en sa faveur, refusait de s’asseoir à la table des négociations avant la levée de la grève par le CNAPESTE ET que ce dernier, de son coté, ne voulait mettre fin au mouvement de grève tant que les rencontres avec leur tutelle n’étaient enclenchées, les parents d’élèves, d’abord, les élèves ensuite, devant ce dialogue de sourds, ont protesté, dénoncé puis entamé une série de marches. Les enseignants, (ceux qui donnaient des cours payants dans des garages) qualifiés de « pirates » par le premier ministre et de « fauteurs de troubles » (fawdawiyin) par le SG de l’UGTA, viennent de dégager leur responsabilité quant aux conséquences qui découleraient de la décision de la ministre de l’éducation nationale d’organiser un tel vote.
A partir de Blida, aujourd’hui où elle a vu « les conséquences désastreuses de la grève » Nouria Benghebrit a accusé le CNAPESTE d’ «avoir menacé le caractère gratuit de l’école » et déclaré « la grève n’est pas une solution pour exprimer des revendications.» Est-ce une remise en cause du droit de grève ou du moins la loi organique sera-t-elle retouchée ? L’avenir nous le dira.
Slimane Chabane