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Entretien avec Sabrina Chikh Amnache, enseignante à l’université de Tizi Ouzou

En marge du colloque sur « les mécanismes juridiques de relance de l’économie algérienne », organisé  par l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira , hier 29 avril, l’enseignante à l’université de Tizi Ouzou, Sabrina Chikh Amnache a bien voulu répondre à nos questions. Elle a notamment déclaré  « Nous avons eu d’énormes chances de décollage économiques que nous n’avons exploitées »

 

1- Vous avez dit « statut quo  » ? 

– oui, il y a en ce moment un statut quo en dépit des multiples chances de décollage économique qu’a eu l’Algérie dans les années 2 000.  Ces chances étaient liées à l’aisance financière due aux prix du baril du pétrole qui a atteint, rappelons-nous, les 140 dollars.

2 – la qualité des institutions peut être un frein au développement économique d’un pays ?

– Absolument, nous le voyons chez nous et d’autres pays. Il y a un effet d’éviction entre un Etat rentier et la qualité institutionnelle. Vous ne pouvez pas avoir un développement alors que les institutions sont désuètes. Un tel environnement institutionnel est hostile à un développement harmonieux et durable.

3 – Vous avez parlé d’Etat Rentier et d’Etat Développementiste ?

Un Etat Rentier est un Etat qui tire une part substantielle de ses recettes de l’étranger, et ce, sous forme de rente, d’après Bablawi et Luciani, 1987. Les Etas rentiers, dont les revenus proviennent essentiellement de l’étranger, se contentent d’exécuter une simple distribution des richesses non produites par les pays en question. Un Etat Développementiste est un Etat promoteur du développement économique qui définit une politique industrielle, avec un rôle régulateur de la macroéconomie, d’après Breisser-Pereira, 2007. Ces pays s’impliquent dans une production de richesses. Leurs activités productives prennent le dessus sur les activités d’exportation des richesses naturelles et leurs revenus proviennent de la fiscalité et des activités économiques nationales.

4 – Quelles institutions et en quoi influencent-elles « l’économique » ?

– D’après l’économiste américain North, Les institutions sont l’ensemble des règles formelles que sont les règles fondamentales, les droits de propriété, les contrats individuels …) et informelles représentées par les conventions, les normes sociales, les traditions auxquelles on peut ajouter au sein du pouvoir les forces conservatrices, les clans, les lobbys, les groupes de pression …

L’influence des institutions est grande, pour ne pas dire déterminantes, dans la relance et/ou le décollage économique d’un pays. C’est évident que ce sont les institutions qui forment l’Etat et c’est l’Etat qui régule tout mais sans être omniprésent et ubiquiste. La qualité des institutions renseigne sur le cadre général du fonctionnement de l’Etat et son aptitude à concevoir un cadre de contrôle et de régulation qui accompagne les décisions et les politiques économiques de la nation.

5- Y a-t-il des critères pour la qualité institutionnelle ?

– il y a une mesure de la qualité institutionnelle qui peut se résumer à différents libertés ; d’investissement, des systèmes fiscal et financier et monétaire, le niveau de la corruption, le climat des affaires, la liberté de commerce et du travail, l’efficacité juridique, les dépenses publiques …

En 2018, en Algérie, l’indicateur de la qualité institutionnelle est de 44,7%. C’est le plus bas niveau depuis 1995. Il est affecté essentiellement par la liberté d’investissement (25 %), le niveau de la corruption (29%), le respect des droits de propriété (27%).

J’ajouterai que des institutions fragiles constituent un frein à la croissance économique ; notamment en empruntant le canal des comportements de recherche de la rente et celui de la corruption alors que les institutions de bonne qualité sont celles qui favorisent le développement et la croissance économique en passant par l’émergence d’une économie libre. Toutefois, la tendance à la baisse de la qualité institutionnelle, selon les données retenues ici, sous-entend que l’injection de fonds dans une économie fragile de ce point de vue ne peut que favoriser la corruption et la mauvaise gouvernance. Il est donc question de promouvoir des institutions de bonne qualité qui sont les institutions favorisant le développement et la croissance économique.

                                                                               Réalisé par Slimane Chabane

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