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Hend Sadi à propos de la transcription de Tamazight : « c’est un faux débat »  

« On veut nous imposer une existence conditionnelle », condamne Hend Sadi

Le siège du bureau régional d’Alger du RCD a connu une après-midi très animée. Dans la foulée de ses activités commémorative du printemps berbère, les responsables du BR d’Alger ont accueilli, aujourd’hui, un immense acteur d’avril 1980 et un grand militant de la cause amazighe, Hend Sadi.

Ce dernier a subjugué, à l’occasion d’une conférence-débat animée conjointement avec la députée du RCD Lila Hadj Arab et l’ancien militant du MCB coordination, Slimane Chabane, l’assistance. Devant une salle de conférence archicomble, Hend Sadi a tenté de recadrer le débat actuel autour de la langue amazighe.

Il remet les pendules à l’heure concernant, surtout, la transcription de la langue amazighe. Au moment où des islamo-conservateurs font le forcing pour imposer le caractère arabe, le disciple de Mouloud Mammeri leur cloue le bec.

Et par des arguments solides. «La question de la transcription de la langue amazighe est un faux débat. Cette discussion sur la transcription de la langue amazighe n’a jamais bloqué le travail et son avancée. Les problèmes scientifique et technique ont été résolus dès les années 1970 », déclare-t-il.

Le Latin, rappelle-t-il, a été utilisé déjà par Micipsa qui avait écrit avec ces caractères sur le mausolée de son père, Massinissa. Selon lui, le seul problème qui freine encore la langue Amazighe est « d’ordre politique ».

L’orateur rappelle, dans ce sens, le contexte durant lequel l’arabisation a été imposée dès 1963. « A l’époque, il y avait des députés qui ne maitrisaient pas la langue arabe. Le président de l’Assemblée, Farhat Abbas, lui-même, a affirmé qu’il était incapable de discourir en Arabe. Mais, les partisans de l’arabisation à l’époque ont exigé une arabisation immédiate, sans attendre ni la loi ni l’académie », dénonce-t-il.

Pour Tamazight, déplore-t-il, « on nous a inventé des artifices », alors que « vue le retard accumulé, cette langue nécessite beaucoup de moyen. Revenant sur l’officialisation de la langue amazighe à l’occasion de la dernière révision de la Constitution, Hend Sadi affirme que le pouvoir a accepté de céder « car le processus de l’arabisation est achevé ». « On avait, pendant longtemps, imposé l’arabe tout en réprimant Tamazight », soutient-il.

Mais, ajoute-t-il, « nous pouvons utiliser la mesure constitutionnelle pour créer des situations conflictuelles avec le pouvoir, en exigeant à l’Etat d’utiliser Tamazight et d’en faire aussi sa langue, sinon on boycotte l’Arabe ». « On veut nous imposer une existence conditionnelle», condamne-t-il. Hend Sadi est revenu par la suite sur le rôle de l’écrivain Kateb Yacine dans la promotion de la langue Amazighe et la défense des libertés ».

« A l’occasion du procès des détenus de 1985, nous avons invité tous les écrivains à prendre position. Il n’y avait que deux qui ont répondu à l’appel, dont Kateb Yacine. Rachid Boudjedra, et je détiens toujours l’enregistrement, a refusé de soutenir les détenus en affirmant : « Vous appelez ça une ligue (LADDH). Il n’y a que des Kabyles. Qu’ils restent là où ils sont ». Voilà pour l’histoire », explique-t-il.

Intervenant par la même occasion, Slimane Chabane revient sur le processus qui a conduit à l’officialisation de la langue Amazighe, même si, dit-il, le contenue de la Constitution est « plein d’imperfection, à commencer par son préambule. Evoquant à son tour la question de la transcription de la langue amazighe, il affirme que l’option du caractère latin est « une réalité chez les écrivains Mozabite et Chaouis ». La conférence a donné suite à un riche débat sur toutes les questions relatives à l’actualité de l’heure.

Massinissa Ikhlef     

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