L’Académie Algérienne de la Langue Amazighe dont le projet de loi portant sa création a été adopté mardi dernier en conseil des ministres va encore prendre du temps avant de voir le jour. La question de sa composante et les délais d’installation sont loin d’être réglés. Les profils de formation des futurs académiciens doivent être celui de professeur en linguistique et/ou en anthropologie. Cette instance devra jouir d’une totale autonomie sans aucune interférence dans son organisation, son fonctionnement et sa composition.
Il suffit de rappeler que c’est au début de janvier dernier qu’il « a été convenu de la mise en place d’un groupe de travail qui doit s’atteler à la préparation d’un avant-projet de loi portant création de l’Académie de langue amazighe » selon un communiqué des services du premier ministre.
Non seulement, les choses traînent mais l’interprétation qui est faite de l’article 04 bis de la constitution de février 2016 est loin aussi bien de la lettre que de l’esprit de cette disposition constitutionnelle. Or, cette loi doit protéger, valoriser et renforcer la langue nationale et officielle qu’est tamazight.
L’ancrage du projet de loi qui a été adopté renvoie à l’article 04 bis de la constitution qui stipule dans son deuxième alinéa que « l’Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variantes linguistiques en usage sur le territoire national. » « Par conséquent, fera remarquer, à juste raison un militant, cette œuvre de promotion et de développement est la mission de l’Etat et non seulement de l’académie. »
Par ailleurs, « les modalités d’application de tout de l’article 04 bis renvoie à une loi organique et pas seulement à l’académie. » La mission de « promotion et de développement de la langue amazighe » incombe donc à tout l’Etat, par l’intermédiaire d’une loi organique » et non seulement à une instance fut-ce-t-elle une académie. « L’académie ne peut constituer le seul procédé ni décharger l’Etat de son rôle fixé par la constitution » ajoute notre militant.
En sus de cela, la loi organique devrait couvrir deux chapitres ; l’un sur le rôle de l’Etat, le second relatif au statut même de cette académie qui doit être « scientifique et non à mi-chemin entre le scientifique et le politique. »
En outre, comme toutes les académies du monde, le président devra être nommé par ses pairs.
Slimane Chabane