Invité par le conseil communal RCD de Tigzirt (Tizi Ouzou) pour animer une conférence, le Pr Hend Sadi, l’un des animateur du Mouvement culturel berbère (MCB),a passé en revue, l’historique de la transcription de la langue amazighe et les enjeux de cette langue,plusieurs fois millénaires.
« L’origine de l’écriture de tamazight en grec, en latin et en égyptien ancien, remonte à plusieurs siècles » selon le conférencier. Pour lui, « tamazight était langue de l’état, plus d’un siècle avant Jésus Christ) ».
Pour l’éminent mathématicien et linguiste, « il ne reste que le choix politique », tout en citant un communiqué de l’ONM d’une région des Aurès, dans lequel on y lit, que cette l’Organisation « n’est pas contre l’enseignement de tamazight à l’école, à condition qu’il se fasse en caractères arabes ». « Pour moi, poursuit Hend Sadi, la question est tranchée ».
« Dans les années 1970,poursuit l’orateur, aux propositions de changer certaines lettres arabes, l’académie égyptienne s’y est opposée, sous prétexte que l’arabe serait la langue du Coran ».S’il y’avait un intérêt dans les caractères arabes, les Turcs les auraient adaptés ».Pour le conférencier, ceux qui militent aujourd’hui pour les caractères arabes, n’ont rien fait pour cette langue, ils l’ont même combattue »,tout en citant l’exemple de Ahmed Taleb Ibrahimi et Addi Lhouari.
Le Pr Hend Sadi ne voit aucune utilité d’une académie de langue amazighe. »L’anglais qui est au sommet mondiale, n’a pas d’académie »,lance t-il. « C’est l’économie et les institutions de l’état qui mettent une langue en avant », poursuit-il.
C’est pour nous dire que tamazight est une branche de la langue arabe, que le pouvoir veut que la transcription soit en caractère arabes »,dira le conférencier.
« Ils nous parlent de constante nationale et la vraie constante n’est autre que tamazight ».L’hôte de Tigzirt nous apprend, à l’occasion, « qu’à l’exception de quelques chaouis et mozabites qui ont écrit en caractères arabes, tous les écrits en tamazight sont en caractères latins ».
Avec l’arabisation, en 1963, et à l’exception de Ferhat Abbas, personne n’a dit que ne nous sommes pas prêts, alors qu’aucun Algérien ne parlait l’arabe. Même les députés kabyles ne s’y sont pas opposé ».
Pour l’orateur, »La constitution de 2016 est un copier-coller de la constitution marocaine de 2011, en prenant le soin de supprimer « La langue amazighe est une langue officielle de l’état ».
Le Pr Hend Sadi, et répondant à la question d’un intervenant, dit « qu’on peut imposer le statut de la langue amazighe. En 1990, alors que tamazight n’est pas encore décrétée langue nationale, le RCD a instruit ses élus pour introduire tamazight sur les enseignes les frontons des APC, APW, les noms des localités… ».
Enfin, l’orateur qui n’a pas pu échapper à une question sur le fameux « Appel de Londres » de Ferhat Mehenni, dit, « Mon souhait, c’est de nous mettre d’accord sur ce qui nous unit et non sur ce qui nous sépare ».Et de poursuivre, « je n’accable pas Ferhat, mais pour moi, la bêtise à faire, c’est de se battre entre-nous »Quelque soit nos divergences, il faut se battre pour un objectif commun. Le recours à la violence serait la dernière chose à faire, c’est une voie suicidaire », avant de conclure sur l’exemple du FIS dissout, qui a eu des centaines d’APC en 1990 et qui a précipité sa chute, en 1991, en ayant recours à la violence.
K.Bougdal