- Advertisement -

Il y a 90 ans naissait M’Hamed Issiakhem: Un génie forgé dans la douleur

Aujourd’hui, dimanche 17 juin 2018, Google a rendu hommage au grand artiste peintre algérien, M’Hamed Issiakhem, à travers l’édition d’un doodle.

Il y a 90 ans naissait, en effet, l’un des génies de la peinture algérienne et cette date du 17 juin, ne pouvait passer inaperçu, d’où cet hommage, matérialisé par un portrait en noir et blanc de l’artiste, sur la page d’accueil du moteur de recherche.

Natif d’Aït Djennad en Kabylie, M’Hamed Issiakhem y voit le jour le 17 juin 1928. Alors qu’il n’a que trois ans, son père s’installe à Relizane et emmène avec lui le petit garçon. Scolarisé à l’école indigène en 1934, il obtient son Certificat d’études. En 1944, alors âgé de 16 ans, il est au cœur d’un drame familial, suite à la manipulation d’une grenade qui va causer le décès de ses deux sœurs et de son neveu. Amputé du bras gauche, il subira 14 interventions chirurgicales.

Après cet épisode, il quitte le domicile familial pour s’installer à Alger, voulant nourrir son âme d’artiste, il entre à la Société des Beaux-Arts puis à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger où il est l’élève du grand miniaturiste Omar Racim. Génie naissant, sa touche laisse entrevoir une carrière fulgurante mais tourmentée, marquée du sceau de la douleur.

En 1951, il rencontre Kateb Yacine et lorsqu’il fréquente l’Ecole des Beaux-Arts de Paris entre 1953 et 1958, les deux hommes qui nouent des liens d’amitié indéfectibles sont inséparables.

De l’enfer vécu par son ami, Kateb Yacine dira avoir souvent vu Issiakhem travailler sur une toile pour la « détruire subitement (…) dans un suprême effort de tension créatrice », comme si toute son oeuvre était « cette grenade qui n’a jamais fini d’exploser dans ses mains … ».

Par ailleurs, très influencé par la forte personnalité de sa mère, mais aussi par la relation cruelle entretenue avec elle après l’accident, l’oeuvre de M’hamed Issiakhem se centre sur un portrait, souvent sombre et meurtri, de la femme algérienne comme l’explique le peintre Noreddine Chegrane qui retrouve cette mère en filigrane dans toutes les oeuvres du peintre.

En 1958, Issiakhem quitte la France pour un séjour en RFA puis en RDA. Ensuite boursier de la Casa de Velázquez de Madrid, il rentre en Algérie en 1962.

Dessinateur au quotidien « Alger Républicain », il participe à la fondation de l’Union nationale des arts plastiques en 1963. De 1964 à 1966, il est chef d’atelier de peinture à l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger puis directeur pédagogique de l’Ecole des Beaux-Arts d’Oran. Il illustre plusieurs œuvres de Kateb Yacine. De 1965 à 1982, il crée les maquettes des billets de banque et de nombreux timbres-poste algériens. En 1967, il réalise avec Kateb Yacine un film pour la télévision, « Poussières de juillet », et l’année d’après, il conçoit les décors du film « La voie », de Slim Riad. En 1971, M’Hamed Issiakhem entre à l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger en tant que professeur d’art graphique puis crée les décors du film « Novembre ». En 1972, il effectue un voyage au Viêtnam et en 1973, il se voit décerner une médaille d’or à la Foire internationale d’Alger pour ²la décoration du stand du ministère du Travail et des Affaires sociales.

De 1973 à 1978, Issiakhem est dessinateur de presse. Il dirige en 1977 la réalisation d’une fresque pour l’aéroport d’Alger. En 1978, Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le Premier Simba d’Or (Lion d’Or) de Rome, distinction de l’Unesco pour l’art africain.

M’Hamed Issiakhem décède le 1er décembre 1985 des suites d’une longue maladie. 

Kahina A

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More

%d bloggers like this: