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La réaction de Hamel est-elle en relation avec un questionnaire de la justice ?

Pourquoi le général Hamel qui était jusqu’à hier responsable d’Afripol a-t-il été destitué moins de 24 heures après avoir dénoncé les «  dépassements »  commis par le ministère de la justice lors de ses procédures préliminaires dans le dossier de la cocaïne. Les menaces à peine voilées qu’il a lancées à l’encontre de ceux qui veulent lutter contre la corruption et qui sont loin d’être des exemples de probité en ont surpris plus d’un. On sait que ces allusions visaient clairement le ministre de la justice qui lui aurait adressé un questionnaire pour s’expliquer sur ses relations avec le chauffeur de la DGSN cité dans la saisie des 701 kilos de cocaïne. On imagine mal Tayeb Louh prenant pareille initiative s’il n’a pas sollicité la présidence ou s’il n’a pas été sollicité par cette dernière.

Deux explications sont avancées par les analystes des arcanes du pouvoir algérien.

Soit que le général Hamel, se sachant en situation précaire par rapport à ce dossier, a voulu prendre les devants en menaçant, pour les dissuader, ses adversaires, soit que sûr de son fait, et éventuellement encouragé par des parties en embuscade qui veulent se saisir de ce scandale pour faire place nette, il assume le rôle de pourfendeur d’une hiérarchie politique agonisante qui sévit depuis trop longtemps et que l’affaire de la cocaïne vient de dévoiler dans une cruauté qui déstabilise un peu plus les institutions et à travers elles tout le pays.

Un ancien membre du bureau politique du FLN exclut la première hypothèse. « Hamel n’est pas homme à braver l’autorité sur un coup de tête et dans la tradition du système algérien, quand un dirigeant se trouve en difficulté, la règle est plutôt de chercher à s’éclipser en douce pour se faire pardonner ses fautes et protéger les acquis et avantages liés à l’exercice des hautes fonctions. » L’ex DGSN a-t-il tenté en vain de se faire entendre par la présidence ?

Si l’on entend cette analyse qui a sa cohérence, il reste l’explication d’une réaction consciente face à une crise politique dont la cargaison de cocaïne, considérable même en comparaison de ce qui transite dans les grands réseaux internationaux, ne serait que la goutte qui a fait déborder le vase. D’où la réaction aussi rapide que brutale qui a frappé un homme donné comme l’un des plus puissants du régime.

Il faut noter que le général Hamel venait à peine de rentrer des Etats Unis où il a s’est exprimé à New York en tant que responsable d’Afripol. Le congédier en ces termes et dans un tel contexte suppose que ses adversaires se sentent en danger immédiat.

Son remplacement par un homme âgé de 79 ans ne manque pas, non plus, d’intriguer. On se souvient que lorsque le colonel Ali Tounsi, prédécesseur de Hamel, avait été assassiné dans son bureau même, l’intérim avait été assuré pendant plusieurs mois par Abdelaziz Affani, responsable de la police judiciaire.

« Tout se passe comme si en plus de l’élimination de Hamel, il fallait trouver un fonctionnaire docile et inoffensif  pour neutraliser la DGSN où son désormais ex directeur  avait fini par bénéficier d’une forme d’autorité qui risquait se traduire par des comportements ou des décisions pouvant, au moins provisoirement ou indirectement, être peu compatibles avec des directives émanant de sources extérieures à la police », confie un commissaire en retraite qui a longtemps enseigné à l’école de formation de Châteauneuf.

Un autre signe vient souligner l’atmosphère qui prévaut dans le cercle présidentiel.  Bouteflika qui devait être évacué en Suisse vient de différer son transfert sans autre forme d’explication, alors que cela n’était jamais arrivé auparavant.

Enfin, le site électronique Algérie Patriotique, enseigne du segment militaire éliminé par Bouteflika, a jusqu’à hier suivi avec une compassion mal dissimulée la situation de Hamel. Il a été jusqu’à placer un article commentant le limogeage avant celui annonçant l’événement, ce qui veut dire que l’heure de sa mise en ligne a été falsifiée.

Aujourd’hui le même site prend ses distances avec celui dont il louait les vertus la veille. L’inquiétude et la précipitation gagnent tous les clans.

Akli Rahmoune.

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