Procès des Ahmadis à Akbou (Bejaia) : des acquittements et une vingtaine de condamnations
Le tribunal d’Akbou dans la wilaya de Bejaia a rendu, aujourd’hui, son verdict dans l’affaire des 27 Ahmadis poursuivis pour offense aux préceptes de l’islam, gestion d’une association sans agrément et collecte d’argent sans autorisation.
Comme attendu, la justice n’a fait preuve d’aucune clémence avec ce groupe adepte d’un courant, considéré comme dangereux par le ministère des affaires religieuses. En dépit de l’acquittement de trois femmes sur les cinq qui faisait partie de ce groupe et trois hommes, le tribunal a condamné 21 personnes.
Le Parquet, rappelons-le, avait requis, le 29 mai dernier, six mois de prison ferme contre les 27 prévenus, dont 21 hommes et cinq femmes. La majorité des prévenus a écopé de trois mois d’emprisonnement avec sursis, explique l’avocat du groupe, Me Sofiane Ikken, qui avait plaidé la relaxe et dénoncé un « acharnement » contre les Ahmadis en Algérie.
Quatre hommes ayant exercé des responsabilités au sein du groupe ont été condamnés à six mois de prison avec sursis et trois femmes ont été relaxées, tandis qu’un couple, qui ne s’était pas présenté à l’audience et a été jugé par défaut, a été condamné à six mois de prison ferme, a ajouté l’avocat.
« J’ai parlé à certains des condamnés qui ont décidé de faire appel », souligne l’avocat, précisant qu’il allait consulter les autres rapidement. Fondé dans le nord de l’Inde par Mirza Ghulam Ahmad à la fin du XIXe siècle, l’ahmadisme (ou Ahmadiyya), qui se proclame tolérant et pacifique et revendique plus de 10 millions d’adeptes à travers le monde, a pris racine en Algérie à partir de 2007, quand une chaîne de télévision du mouvement a pu y être captée par satellite.
Estimés à environ 2.000 en Algérie, les Ahmadis sont depuis 2016 dans le collimateur des autorités qui ont arrêté et poursuivi près de 300 d’entre eux, dont l’essentiel a été condamné à des peines allant de 3 mois de prison avec sursis à 4 ans d’emprisonnement ferme.
Les poursuites contre les Ahmadis, rappelons-le, ont suscité de vive critique des ONG nationale et internationale qui dénonce de graves atteintes aux libertés de culte.
Massinissa Ikhlef
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