Une fois de plus la rumeur du décès de Bouteflika court dans Alger. Si elle n’est pas forcément plus fondée que les précédentes, l’information n’en est pas complètement dénuée de fondement. De plus, cette fois la nouvelle intervient dans des circonstances et un climat particuliers. Les limogeages en série et sans explications dans la haute administration de proches du chef de l’Etat et les sorties médiatiques du chef de l’état- major qui « oublie » de faire référence au chef suprême des armées sont les éléments les plus commentés. En ce qui concerne ce dernier point, l’entorse est d’autant plus notable qu’auparavant le même personnage se plaisait à s’appesantir sur l’intégrité des capacités et la justesse des orientations de celui dont il évacue le nom. Au regard de beaucoup d’observateurs, son discours du 5 juillet sonnait comme l’appel d’un homme exerçant déjà la charge suprême. Cette hyperprésence survient sur fond de soupirs de la meute des réservistes qui en appellent au retour de l’armée pour sauver la nation d’une panne politique qui, à les en croire, n’aura rien à voir avec la militarisation du pays remontant à 1962.
Depuis 72 heures les évènements s’accélèrent et des décisions discrètes et troublantes sont relevées un peu partout. Des officiers devant voyager sont invités à renoncer à leur projet et certains d’entre eux ayant embarqué sont sommés de redescendre d’avion, des hauts gradés ne répondent plus au téléphone et des cadres demandent à leurs enfants d’éviter tout déplacement dans le pays. Les chancelleries sont en effervescence…
Signe annexe d’importance qui n’a pas échappé aux automobilistes se dirigeant vers le Val d’Hydra : devant la résidence d’Ali Haddad une douzaine de voitures choisies parmi les modèles les plus modestes sont garées depuis deux jours. Ceux qui connaissent les capacités d’accueil des garages et des espaces intérieurs de la demeure royale du président du FCE, assurent que cela peut faire beaucoup de monde pour un conclave qui s’éternise.
De plus, des proches de la famille Bouteflika sont autorisés à dire que, pour elle, le cinquième mandat annoncé aussi bien par Ould Abbes qu’Ouyahia est exclu.
Dans cette atmosphère où tout est murmures et esquives, certaines sources médicales essaient tant bien que mal de laisser entendre que, même très affaibli, Bouteflika est toujours en vie. On avoue un « état critique mais transitoire ».
Pourquoi entretenir la confusion si longtemps sur un sujet aussi important au risque de nourrir davantage les spéculations et d’ajouter encore au discrédit déjà grand qui frappe les hautes sphères du pouvoir algérien ?
Younes Lakrib