Gouvernement: les subventions provoquent le clash entre Ouyahia et son ministre des finances
Grave malaise au gouvernement! Le manque flagrant de communication et de concertation entre ses membres éclate au grand jour. Cette fois-ci, c’est la révision du système des subventions qui provoque un sérieux clash entre le premier ministre, Ahmed Ouyahia et son ministre des finances, Abderrahmane Raouya.
Prévue dans le plan d’action du gouvernement, adopté en septembre dernier par le parlement, la révision de la politique des subventions suscite, effectivement, une polémique. C’est l’échéance prévue pour sa mise en œuvre qui devient problématique.
En effet, la sortie surprenante du premier ministre et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui avait chargé le responsable de communication de son parti d’apporter un démenti au ministre des finances est symptomatique d’absence de cohésion dans l’actuelle gouvernement.
Comme nous l’avons rapporté dans notre précédent article, le chargé de communication du RND, Seddik Chihab, s’est précipité de communiquer à certains médias le contenu de la réunion du bureau national du parti, tenue samedi dernier sous la président d’Ahmed Ouyahia.
Selon lui, la révision du système des subventions « ne sera pas appliquée en 2019 ». La déclaration n’est pas passé inaperçue. Le ministère des finances n’a pas tardé à réagir, via l’agence officielle, APS.
Le département d’Abderrahmane Raouya ne se déjuge pas. « Le ministère des Finances a apporté dimanche des clarifications sur la politique des subventions en soulignant que s’il y a nécessité de revoir les dispositifs de soutien actuels, la révision ne sera pas précipitée et ne sera pas appliquée de manière systématique et indiscriminée », lit-on dans la dépêche de l’APS, en citant le ministère.
Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, rappelle la même source, avait relevé récemment, lors d’une émission de la radio nationale, ‘l’importance que les pouvoirs publics accordent à la préservation du pouvoir d’achat des catégories sociales les plus défavorisées et, dans cet ordre d’idées, les efforts que l’Etat consent chaque année, dans ce cadre, sur le plan budgétaire ».
« L’analyse de la structure des subventions, à partir des résultats de l’Enquête-consommation effectuée, a montré que les subventions profitent plus aux catégories les plus nanties qu’aux catégories de bas revenus », souligne le ministère. Pour le ministère, « ce mécanisme généralisé de subventions, outre son coût excessif pour la collectivité, ne répond plus aux objectifs de réduction des inégalités et de protection des populations les plus vulnérables », fait-il valoir. Compte tenu de ce constat, ajoute-t-on, « le besoin de réformer le système de soutien des prix s’impose comme un impératif économique ».
Le ministère précise, toutefois, « qu’aucune mesure ne sera mise en œuvre sans étude préalable et sans une large concertation ». Et d’ajouter : « s’il y a nécessité de revoir les dispositifs de soutien systématique en vigueur, la révision ne sera pas précipitée et ne sera pas appliquée de manière systématique et indiscriminée ».
Selon la même source, l’objectif demeure « la protection des catégories sociales les plus nécessiteuses en explorant toutes les options qui permettent d’opérer des transferts ciblés au profit des ménages les plus vulnérables ».
Massinissa Ikhlef