Il n’y a pas si longtemps des évènements bien moins sérieux que les remous engendrés par l’affaire de la cocaïne auraient fait la une des journaux étrangers et français en particuliers. L’arrivée de 700 kg de poudre blanche expédiés dans des containers de viande congelée dont une bonne partie était destinée à l’armée algérienne n’a quasiment pas été commentée. Les sanctions qui ont suivi ce scandale et qui ont touché plusieurs secteurs d’activité sensibles ( police, gendarmerie, douanes, justice, banques, foncier…), au point d’avoir été qualifiées par des clans adversaires du chef d’état-major de coup d’Etat, n’ont pas connu plus d’intérêt de la part des médias internationaux.
« Cette cargaison qui n’est pas la première n’est qu’un signe de plus qui place le pouvoir algérien dans les cases des régimes narco-trafiquants. Il y a longtemps que les ONG et les autres structures d’observation classent l’Algérie parmi les pays sans foi ni loi. Alors que dire des rapports des chancelleries; d’où ce silence », explique cet ancien ministre, aujourd’hui en disgrâce, qui fut aussi ambassadeur et qui a eu l’occasion de suivre ce qu’il appelle « la descente aux enfers de l’image de la nation algérienne », notamment depuis l’avènement de Bouteflika.
Par delà la rancœur exprimée par une brutale éviction, l’explication comporte certainement une part de vérité. Mais pour cet autre diplomate européen, cette « indifférence » a des raisons plus profondes. Pour lui, « l’Algérie qui n’offre aucune perspective d’ouverture ne présente pas d’équipe capable d’assumer une vision sur laquelle les partenaires pourraient caler une coopération durablement prévisible. Alors chacun improvise des relations au jour le jour sur des dossiers qui concernent les intérêts quotidiens. Mais personne ne se place dans une vision stratégique.» Le même fonctionnaire assure que lors de son passage éclair à Alger avant de s’envoler pour une visite de deux jours au Golfe, le président français Emmanuel Macron, sidéré par la vision d’un Bouteflika moribond et le climat délétère qui l’entoure aurait déclaré : « l’Algérie n’est pas une priorité. » Venant de la part d’un président dont l’administration suivait la situation comme le lait sur le feu, la formule a de quoi surprendre. Autre temps autres mœurs.
Akli Rahmoune.