Après la commémoration, l’an dernier, du centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri, cette année, c’est le centenaire du grand artiste Slimane qui est célébré à travers plusieurs communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, Bejaïa et Bouira.
Ambassadeur de la chanson algérienne en général et kabyle en particulier, Slimane Azem qui aurait eu 100 ans, le 19 septembre prochain, se voit ainsi ressusciter, l’espace d’une célébration pour que nul n’oublie l’engagement de ce grand artiste et poète, natif du village d’Agouni Gueghrane, dans la daïra des Ouadhias.
A ce titre, après plusieurs concerts, organisés un peu partout en Kabylie, depuis le début du mois d’août, avec la participation de grands noms de la chanson kabyle, c’est au tour de sa région natale, de fêter l’enfant du pays, l’un des plus grands ambassadeurs de la culture algérienne et amazighe.
La commune d’Agouni Gueghrane, en collaboration avec le mouvement associatif et la société civile a donné ce matin, aux alentours de 10h, le coup d’envoi de l’événement, en hommage au barde Slimane Azem.
Le programme de cette célébration qui s’étalera sur toute la semaine, débutera par l’inauguration d’une exposition non-stop dédiée à l’artiste et à son œuvre mémorable, puis la délégation se rendra à Taourirt Moussa, pour un moment de recueillement, de prière et le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe d’un autre artiste, le regretté Matoub Lounes auquel est également dédiée cette manifestation.
Cet événement commémoratif se poursuivra avec de la poésie, du théâtre, des rencontres-débats, des témoignages mais aussi des galas artistiques rehaussés par la participation d’artistes du cru et d’autres venant de toute la Kabylie.
Né le 19 septembre 1918 au sein d’une modeste famille de cultivateurs, Slimane Azem n’est guère prédestiné à une carrière musicale aussi exceptionnelle. Elève peu assidu, il quitte les bancs de l’école pour entamer à l’âge de 11 ans une carrière d’agriculteur chez un colon à Staoueli. En 1937, il traverse la Méditerranée pour atterrir à Longwy, dans le nord-est de la France où il trouve un travail de manœuvre dans une aciérie, avant d’être mobilisé durant la Seconde guerre mondiale. Réformé en 1940, il met le cap sur Paris où il est embauché dans le métro parisien comme électricien.
La dure vie de l’exil lui inspire des textes d’une grande force poétique. Il devient très vite, le porte-voix d’une génération d’Algériens, tous partis chercher la prospérité sous d’autres cieux mais qui, le plus souvent, n’ont rencontré que désillusions et mal du pays.
Installé à Moissac, dans le sud-ouest de la France, il plante dans sa ferme, oliviers et figuiers qu’il cultive avec toute la nostalgie que l’on peut éprouver pour la terre natale. C’est là qu’il meurt le 28 janvier 1983.
De nombreux artistes dont Rabah Asma et Matoub Lounes reprendront les chansons de Slimane Azem faisant connaître son répertoire à la jeune génération.
Kahina A.