De la viande putréfie à l’épidémie du choléra: Le feuilleton de la gestion chaotique de la santé publique continue
L’épidémie du choléra qui vient d’être confirmée en Algérie par l’Institut Pasteur et qui a déjà causé mort d’homme, sans compter les dizaines de personnes hospitalisées dans au moins 4 wilaya du Centre, dont la Capitale, témoigne de l’état d’indigence de notre système de santé et du risque sanitaire très élevé qu’encourt une population qu’on ne cesse de berner avec les prétendues avancées réalisées par le pays en matière de santé.
L’Institut Pasteur a confirmé que le choléra est la cause de la maladie qui s’est déclenchée dans un quartier de Blida et qui a déjà causé la mort d’une personne, tout en écartant la piste de la contamination par les eaux, privilégiant la piste de la contamination via les aliments, les fruits et légumes notamment.
Si cette piste est confirmée dans les jours à venir, cela revient à dire que la cause de cette épidémie est l’irrigation par les eaux usées. Cette pratique frauduleuse et maffieuse, a tendance à se développer en Algérie, en marge de bien d’autres pratiques telles l’usage excessif des pesticides, etc…, ayant causé le renvoi de plusieurs cargaisons de pommes de terre, dattes et autres légumes destinés à l’exportation.
Tout cela fait bien entendu l’objet de rapports établis par les services chargés de la répression de ce genre de fraudes. Mais, les PV de ces agents sont classés sans suite après l’intervention des gros bonnets du secteur moyennant la corruption.
On se souvent, l’année dernière, de l’affaire des moutons putréfiés 24 heures à peine après leur sacrifice à l’occasion de l’Aïd Al Adha. Depuis, une enquête est ouverte mais aucun résultat n’est communiqué officiellement. C’est même devenu un sujet tabou. C’est à peine si l’inspecteur des services vétérinaires du ministère de l’Agriculture a concédé récemment que cette putréfaction de la viande de mouton est due à un « engraissement excessif en un temps court ». Engraissement pas quoi, et par qui ? On ne le saura jamais. Ce qui laisse planer le doute sur le fait que des responsables hauts placés seraient impliqués dans ce trafic odieux qui a vu des centaines de familles assister médusées à un spectacle des plus effarants : une carcasse de mouton qui devient bleue et répugnante moins de vingt-autre heure après son dépeçage.
Ces problèmes de santé publique sont accentués par l’amateurisme qui caractérise souvent la réaction des pouvoirs publics : absence totale de communication doublée d’un discours démagogique destiné toujours à berner les gens, à l’image de l’information surmédiatisée récemment lorsque des responsables onusiens ont émis le vœu que l’Algérie soit la locomotive de l’Afrique en matière de santé.
Dans les pays qui se respectent, un ministre démissionne lorsqu’il y a mort d’homme dans son secteur ou lorsque sa politique est rejetée par ses employés.
Ramdane Yacine