Le président du rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, dresse un tableau sombre de la situation économique, sociale et politique du pays. Il tient pour seul responsable de ce constat, le pouvoir et ses politiques boiteuses. « Le pays paie près de 20 ans de tergiversation politiques du pouvoir à engager des réformes sur des dossiers essentiels qui bloquent le développement », déclare-t-il.
Intervenant à l’ouverture, ce samedi à Alger, d’une conférence nationale sur le droit du travail du Algérie organisé par le parti, le leader du RCD donne l’exemple du code de travail, dont la promulgation est constamment renvoyée depuis le début des années 2000. Poursuivant, Mohcine Belabbas critique sévèrement le gouvernement et sa gestion de la crise financière que traverse le pays.
« La crise financière ne se règle point par l’impression de billets de banques, d’autant que la rente a largement perverti l’économie nationale et que le discrédit de l’Etat empêche les acteurs, publics et privés, de s’inscrire dans une vision de moyen ou long termes », déclare-t-il. De même pour la croissance économique. Pour lui, celle-ci « ne se décrète pas par des annonces faites dans le cadre des triparties où le pouvoir se parle à lui-même du fait de l’exclusion des véritables acteurs économiques et sociaux ».
« Ces annonces de conjonctures sont d’ailleurs vite remisées ou contrées par les dirigeants eux-mêmes », rappelle-t-il. Selon lui, la croissance économique est tributaire de l’existence d’une économie.
« La croissance économique se prépare par la transparence dans la situation des finances publiques en rendant publique l’état réel des entreprises publiques. Elle se prépare aussi par l’arbitrage transparent dans l’allocation des ressources, par la promotion de conditions qui encouragent les créateurs d’emplois et de richesses au lieu du recours aux dopages en tout genre qu’on abandonne sans aucun bilan », lance-t-il.
Dans ce sens, il plaide pour la mobilisation des ressources disponibles et la valorisation des montants de l’allocation scolaire, des bourses d’étudiants, des salaires des enseignants et l’augmentation du SNMG.
Un système démocratique
Poursuivant, le président du RCD estime que l’avenir de l’Algérie réside dans l’instauration d’une économie de production et de croissance dans le cadre d’un système démocratique. «L’avenir auquel aspire le peuple algérien, fondé notamment sur la promotion des droits de chacun et la représentation syndicale et patronale, ne peut être garanti que par une économie de production et de croissance dans le cadre d’un système démocratique où les dirigeants sont l’émanation de scrutins libres », indique-t-il.
Dans le même contexte, il souligne la grande crainte des Algériens pour leur avenir. « De plus en plus de personnes perdent leur emploi, de plus en plus d’entreprises ferment leur porte, de plus en plus de familles se retrouvent à la rue, de plus en plus de personnes n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins y compris les salariés du fait d’une politique des salaires antiéconomiques et d’une dévalorisation sans contrepartie de la monnaie nationale », enchaîne-t-il, en dénonçant la dégradation des conditions de vie dans le sud du pays, qui est, souligne-t-il, la conséquence « d’un déséquilibre intolérable entretenu par un pouvoir plus soucieux des équilibres internes ».
Massinissa Ikhlef