Melbou, un havre de paix et une destination touristique par excellence .
Nous sommes à la fin de la saison estivale et l’écho que s’ en est faite cette sublime ville balnéaire dépasse de loin les frontières de la Wilaya. Traversant le Pont Agrioune , limite géographique et naturelle de la commune de Melbou, une petite ville féerique apparait tel un joyau que se disputent deux paysages distincts mais si complices dans le statut de « demoiselle de charme » qu’ils lui confèrent. Ils participent activement mais disproportionnellement au » make up » auquel elle se prête volontairement près de trois mois durant. Les deux » courtisans » ne sont ,en fait, que la chaine de montagnes verdoyantes sur sa droite et la grande bleue sur sa gauche. Déchirée par tant d’amour que lui témoignent l’un et l’autre, elle se panse par un ruban d’asphalte qu’entretiennent merveilleusement ses dignes tuteurs pour que ses nombreux amoureux puissent l’admirer de ses entrailles .En effet ,le boulevard la traversant en dit long sur les efforts fournis par l’APC et ses agents de nettoyage mais aussi sur le civisme de ses citoyens. Quelque minutes de prose qu’elle nous inspire, nous conduisent dans les arcanes de sa gestion et de sa prise en charge et non seulement, car aussi, souffrante du » syndrome « de gel de projets et de désinvestissement qui a pris l’allure d’une pandémie qui n’a épargné aucune des localités de la wilaya . Treize heures tapantes , nous sommes devant la belle bâtisse qui fait office d’hôtel de ville . Nous nous dirigeons droit vers le bureau d’orientation pour une demande d’audience auprès de l’édile communale .Le préposé à ce guichet nous apprend qu’il vient de sortir pour régler un problème d’eau .Sitôt, une jeune femme arrive se présentant comme vice présidente, elle nous invite à la suivre dans son bureau en attendant l’arrivée du Maire .Ce temps nous a été si précieux car nous ayant servi au recueil de beaucoup d’ informations sur la commune. Mme kakouche Siham puisque d’elle qu’il s’agit ,fait venir l’administrateur de la commune avec lequel elle nous présente sa cité : « Melbou est située à l’extrême est de la wilaya de Bejaia .Elle est cernée par Souk El Tenine à l’ouest et sud ouest, Ziama Mansouriah (wilaya de Jijel) à l’est et enfin la grande bleue au nord. Elle s’étend sur une superficie de 47,470 kilomètres carrés et abrite une population estimée à 13 000 âmes (11 396 exactement selon le recensement de 2008) » ,nous apprennent nos interlocuteurs ajoutant que les ressources de la commune se limitent aux seuls produits domaniaux et d’exploitation qui se situent, bon an mal an, autour de 4 million de dinars et cela représente pratiquement la valeur du prélèvement annuel ( la somme dont L’APC a toute la latitude d’utiliser sans intervention des services centraux ).A peines ces informations prises en notes, le Président de l’Assemblée Populaire Communale, apparemment alerté de notre présence, fait irruption dans le bureau et sa collaboratrice se presse de nous le présenter. Benkhelfoun Lyazid, un maire à la stature imposante mais si courtois. Il nous invite à son tour dans son bureau en présence de son staff technique et financier auquel se joignent certains de ses colistiers élus.
Abordant la saison estivale qui fut, faut-il le rappeler, une réussite retentissante, le premier magistrat de la commune nous livre quelques chiffres : « sur les 60 000 personnes qui ont visité notre ville , 14 000 y ont séjourné et pour la majorité ce sont des citoyens venus du sud. Ces chiffres sont atteints grâce aux conventions et aux quelques 1200 entre appartements et maisons privés loués » avant d’ajouter » la réussite est aussi le fruit de l’hospitalité de mes concitoyens, et des efforts titanesques qu’ont fournis nos agents de nettoyage et de voirie . Qu’ils nous excusent de les avoir un peu trop bousculer ». « j’ai beaucoup de considération pour cette catégorie de nos agents » dit-il, enchainant que lui même et ses adjoints étaient souvent les derniers a rejoindre leurs domiciles pendant toute cette période pour rassurer les estivants. Cependant, ce maire progressiste du RCD ,comme il aime se présenter pour dire sa fierté d’y appartenir, reconnait un point noir à cette saison, « le manque d’eau potable fut la seule tache noire ,mais nous n’avons pas cessé de travailler pour mettre en service le nouveau forage qui est aujourd’hui fonctionnel grâce aux travaux effectués de nuit pour la traversée de la route principale qui mène de Souk El Tenine vers Jijel et ce malgré les injonctions de l’administration et des services de sécurité( Wilaya, Daïra et Sureté de Daïra) que nous avons bravées pour le confort de notre population et celui de nos touristes ».
Sur le chapitre se rapportant au quotidien de ses concitoyens, le président commence par regretter le fait qu’aucun organe de presse ni télévisuel qu’il a invité n’ait daigné répondre à ses sollicitations » Est- ce que le développement local ne les intéresse plus? » se demande t-il dépité avant de reprendre son optimisme « Je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de grands problèmes mais plutôt de grands hommes ». « La commune, malgré la richesse dont la nature l’a gratifiée est pauvre et est devenue l’otage de la politique de l’état jacobin et centraliste, mais nous faisons de notre mieux pour prouver qu’il ya une autre manière de gérer la chose publique. C’est ainsi que nous sommes arrivés à répartir en étroite collaboration avec les 14 comités de villages et de l’agglomération secondaire qu’est Tizi El Oued et enfin le centre, les 21 projets prioritaires et d’urgence inscrits au titre de développement local et les autres subventions . ceux-ci sont à 80 pour cent du taux de consommation physique .La gestion démocratique et de proximité est garante de l’efficacité . »tonne-il- fièrement . Cependant, note encore le P/ A.P.C avec une grande amertume , »la manne jamais égalée du FCCL est venue contrarier nos aspirations et celle de nos populations quant à la manière de sa répartition et eu égard à l’attitude de l’actuelle APW par rapport aux subventions grevées d’affectations spéciales . C’est ainsi que nous retrouvons face à la problématique des 30 pour cent de celles-ci (30 000 000 de dinars), affectées à l’entretien des pistes forestières que nous n’avons pas en fait. Nous aurions aimé utiliser cette cagnotte à bon escient et au profit de nos concitoyens .Nous pensons au revêtement de deux stades de proximité en gazon synthétique ,au canal d’évacuation d’eau pluviale qui inonde la ville à la moindre goute de pluie et dont l’étude est prête ,puis enfin à l’aménagement ,à l’embellissement et l’amélioration du cadre de vie de nos concitoyens dans différents quartiers. » « Nos efforts se sont concentrés ces derniers jours sur la réussite de la rentrée scolaire « .C’est ainsi, dit notre hôte « que nous avons procédé à la réfection des cantines scolaires, aux travaux d’ entretien tels les peintures, l’étanchéité et la vitrerie (70 pour cent renouvelée en copémad). Le transport scolaire étant assuré jusqu’à la fin de l’année civile. ». Au chapitre sport, le président annonce l’agrément de deux associations sportives de football après la dissolution malheureuse du club fétiche de la ville , l’Olympique de Melbou .
« Le logement est le second parent pauvre après l’investissement » se désole encore le maire poursuivant « : la commune a bénéficié d’un quota de 30 logements dans le cadre du FONAL qui risquent de ne pas voir le jour pour la simple raison que la région est cadastrée et les actes tardent à être établis » quant au logement social, nous n’ avons que 65 unités prêtes pour un total de demandes qui est de 900 . La commune n’ a pas bénéficié de ce programme depuis 1994. » avant de nous confier que le projet des 96 logements formule L.P.A est bloqué pour cause de litige qui trouvera une issue incessamment . »
La vocation de cette commune est ,avant tout, touristique et l’investissement dans ce domaine est sans doute le levier le plus indiqué du développement local. Cependant, le centralisme économique se dresse devant les volontés les plus ardues et les initiatives locales les plus louables. Ainsi, nous apprenons de la bouche de notre interlocuteur que » l’APC dispose de d’une Z.A.T(Zone d’Activité Touristique ) d’environ 20 hectares avec acte de propriété et un permis de lotir .L’agence foncière intercommunale a entamé la phase finale de la vente des lots aux investisseurs potentiels. A la surprise générale, la ZAT a été versée au CALPIREF (géré par le wali)et l’espoir de voir les investissements concrétisés deviennent minimes. « sur les huit lots projetés, seuls trois ont connu un début de réalisation . les autres sont ou bien bloqués par la fameuse bande des 100 mètres: (non-ædificandi) ou pour d’autres problèmes tels que les réserves techniques. Outre la ZAT, 7(sept) autres projets sont prévus avec arrêtés d’attribution dont 4(quatre)avec permis de construire. Seulement , « un seul vient de voir l’aurore et le reste est confronté soit aux problèmes juridiques, tels les oppositions ,ou bien techniques » conclue l’élu du peuple.
Nous quittons cette coquette ville avec un sentiment de frustration: Une volonté d’acier chez les élus , des potentialités naturelles inestimables qui font face au mur d’une bureaucratie dictée par les choix politiques contraignants pour l’essor économique et social des collectivités locales.
Rendre aux élus locaux leurs prérogatives d’acteurs de développement local, de maîtres des décisions locales et de vrais architectes des programmes sur la base desquels ils sont élus est à la fois une nécessité pédagogique, un devoir éthique et une dette patriotique.
Kamel Aidli