Le président du rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, revient à nouveau sur la situation qui prévaut à l’APN. S’exprimant à l’ouverture, aujourd’hui des travaux du 1er congrès des élus progressistes de son parti, il estime, qu’à travers cette affaire, il y a message claire à lancer à l’ensemble des assemblées élues.
« Le message délivré, à cette occasion, à toutes les assemblées élues, peut être ravageur : toute assemblée pourra être bloquée si des forces de l’ombre tapies dans les rouages de l’Etat estiment que cette structure ne rentre plus dans leurs visées ou dans leurs plans », explique Mohcine Belabbas.
Selon lui, à travers « ces démêlés pitoyables qui ont eu pour théâtre l’Assemblée populaire nationale entre des protagonistes tous issus des partis du pouvoir », c’est bord la constitution et les lois en vigueur qui ont été piétinées par ceux-là mêmes qui les ont promulguées ».
«Cet épisode est l’exemple même d’une gouvernance à la dérive. Nous avons assisté à une guerre par procuration menée par les premiers responsables du pouvoir exécutif contre le premier responsable du pouvoir législatif en dehors des codifications constitutionnelles clairement établies organisant les fonctions de l’Exécutif et du Législatif », indique-t-il.
Et d’ajouter : « Cette tentative de déstabilisation d’une institution de la république conduite par des députés appartenant au FLN, parti présidé par le chef de l’Etat lui-même, et au RND dirigé par le premier ministre est un précédent grave dans la pratique politique des dirigeants officiels ».
Outre la crise à l’APN, le leader du RCD s’est exprimé aussi sur la situation économique du pays. Selon lui, « la mauvaise gouvernance économique avec, notamment, le refus de rompre avec l’approche rentière et de procéder à des transformations structurelles dans le secteur de l’économie était un choix clairement prévalu pendant toute la période d’un baril de pétrole à plus de 100 dollars ».
« En 2014, lorsque le baril était au plus bas, la même orientation a continué à prévaloir avec le recours inconsidéré au fond de régulation des recettes jusqu’à son quasi épuisement pour pallier la baisse des recettes induite par la chute du prix des hydrocarbures. Ceux qui s’attendaient à ce que le gouvernement change sa politique pour introduire des réformes ont vite déchanté. Lorsque le fond de régulation a été épuisé, le pouvoir a sorti de sa manche la planche à billets pour continuer sur le même niveau de fonctionnement et combler artificiellement les déficits », indique-t-il.
L’argument fallacieux qui consiste à affirmer que ses « faux billets » serviront pour l’équipement, soutient-il, ne tient plus la route avec le projet de loi de finance 2019. « Le budget d’équipement baisse de 10, 9% par rapport à 2018 sans compter l’effet de la dévaluation, ce qui ramènerait cette baisse en valeur réelle à au moins 15%. Une telle politique qui a déjà ruiné les secteurs de l’industrie, de la santé ou de l’agriculture générera une croissance atone avec son lot de chômage et de baisse continuelle du pouvoir d’achat », précise-t-il.
Le président du RCD dénonce, dans le même sens, la corruption, l’absence de médiation dans le traitement des conflits sociaux et d’une réelle politique de développement local, basée sur une vraie décentralisation.
Poursuivant, Mohcine Belabbas invite les élus de locaux de son parti à engager une réflexion en vue de préparer des propositions en prévision de la révision des codes communal et de wilaya.
Massinissa Ikhlef