Plus de 30 000 familles vont devoir s’armer de patience pour enfin acquérir un logement décent. En effet, la wilaya de Bouira connait un énorme retard dans le secteur de l’habitat.
Ainsi et selon les statistiques de la direction locale de l’Habitat, un tiers des logements, attribués à la wilaya depuis 19 ans, sont inachevés. Dans le détail, 30 196 logements sur un total de 96 344 unités octroyées à la wilaya, toute formules confondues, n’ont pas été encore réceptionnés. Il est à souligné que 22 728 de ces logements sont en cours de réalisation, alors que 7468 n’ont toujours pas été lancés.
Selon la même source, 7063 unités, inscrites dans le cadre de la formule LPL, sont au stade de chantier. La formule AADL connait un énorme retard avec un chiffre de 9000 logements non réceptionnés. Pire encore, dans les communes de Lakhdaria, Ain Bessam et Sour-El-Ghozlane, les 2900 unités déjà concédées à la wilaya dans le cadre de l’AADL 1, n’ont pas encore démarré.
Quant à la formule LPA lancée en 1999, elle connait un retard flagrant : sur un total de 3322 logements, 1178 sont non lancés alors que 1330 sont en cours de réalisation. À titre d’exemple, la commune de Bouira a, pour elle seule, bénéficié de 1000 unités LPA, dont 578 en cours de construction. La commune de Lakhdaria avec une part de 150 logements, tous toujours en chantier. C’est avec 100 unités en cours de réalisation que la commune d’Ain-Bessam occupe la troisième position. Pour le reste, les communes de M’Chedallah, Kadiria et Bechloul , entre autres, ont bénéficié respectivement de 80, 50 et 40 logements.
Par contre, les formules LSP et habitat rural, sauf exception, n’ont pas connu de retard significatif, puisque sur 5309 logements, 4666 ont été achevés et 643 sont à 87% de leur réalisation. Ainsi vient l’habitat rural en tête de quotas octroyés, la wilaya ayant bénéficié de 53 141 aides à l’habitat rural entre 1999 et 2018.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le retard manifeste qui frappe ce secteur. Tout d’abord, la wilaya de Bouira a connu durant les années 2015 et 2016 une importante pénurie de ciment, ce qui a considérablement freiné le rythme des travailleurs. Ensuite, des entreprises que même les autorités locales qualifient de défaillantes (notamment dans les programmes AADL, LPA et ex-LSP). Et enfin, perpétuel problème de paiement d’entreprise. Effectivement, la plus grosse part du budget est engloutie par les investissements publics. En 2017, touché par l’austérité, les dépenses d’équipement avaient passé de 3 176,8 milliards de DA en 2016 à 2 291,4 milliards de DA, soit une dégringolade de 30%.
SAIDANI KASSI