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Unesco: « Les mesureurs d’eau des foggaras » patrimoine immatériel

Sur demande de l’Algérie, les « savoirs et savoir-faire des mesureurs d’eau des foggaras ou aiguadiers (kiyaline el-ma) du Touat et du Tidikelt » font désormais partie du patrimoine immatériel de l’Unesco, nécessitant une sauvegarde urgente.
C’est au cours des travaux de la treizième session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui se tiennent depuis mercredi jusqu’à demain samedi, à Port-Louis, capitale de l’île Maurice que la décision d’inscrire ce savoir-faire ancestral menacé de disparition a été prise.
Tout a commencé par une correspondance adressée le 31 décembre 2015 par le directeur de la culture de la wilaya d’Adrar, M. Slimane Ouidane, au directeur général du Centre nationale de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger (CNRPAH), M. Slimane Hachi, dans laquelle il indiquait que « ce système ingénieux et pluriséculaire faisant partie de l’identité des populations sahariennes en général et de celles de la wilaya d’Adrar en particulier et composé de savoirs, de savoir-faire et de rituels enfermant de nombreux éléments du patrimoine immatériel transmis de génération en génération et allant dans le sens d’une gestion écologique des ressources de la nature et d’une exploitation rationnelle de la rareté de l’eau » devait être « davantage étudié et renseigné en vue de sa sauvegarde, de sa protection et de sa revivification ».
Cette lettre a nécessité l’envoi d’une mission du CNRPAH dans le Touat, menée par le chercheur Rachid Bellil où des contacts ont été établis avec les « kiyalin el-ma » de la région, suite à quoi un formulaire de demande d’inscription officielle a été dûment rempli par Slimane Hachi.
Dans la description faite de ce savoir-faire, le Directeur du CNRPAH a noté, en substance que : « Chercher l’eau sous terre et la conduire à l’air libre pour irriguer des jardins est connu par plus d’une vingtaine de pays de tous les continents. Ce système, connu sous le nom de « foggaras » en Algérie, existe dans les oasis sahariennes du Touat-Tidikelt. Pour les communautés vivant dans ces oasis, ces foggaras constituent plus qu’un élément identitaire : il s’agit de survie face à un environnement difficile. L’irrigation par la foggara n’est viable qu’avec la présence des mesureurs d’eau ou aiguadiers (kiyal) qui, par leurs calculs, répartissent de manière équitable ce bien vital entre les différents propriétaires. Dans un passé proche, le mesureur d’eau était l’une des personnes les plus connues et respectées de tous les villages (ksour) importants et ceux qui n’en avaient pas un étaient obligés de recourir aux services du mesureur le plus proche. Ce qui nous intéresse ici, est principalement le savoir qui s’est constitué et transmis autour des questions liées au partage de ces eaux ramenées à la surface du sol ».
L’Algérie a donc fait le nécessaire pour soumettre un dossier avec des arguments solides à l’Unesco qui a conduit à cette inscription longtemps espérée et attendue.
Il faut savoir que le net recul de ce savoir et savoir-faire jadis répandus dans tous les ksour du Sahara est, d’une part, dû « à l’abaissement du niveau de la nappe obligeant à recourir à des sondages et pompages profonds » et, d’autre part, à un « manque de communication entre les jeunes et leurs aînés, laissant supposer que la disparition de ce métier est illustrée par l’âge avancé des mesureurs d’eau qui met en évidence une absence de renouvellement des praticiens ». A cela, viennent s’ajouter les modifications du « bon fonctionnement des foggaras, (nouveaux rapports de propriété), les effets de l’urbanisation et de la modernisation et une absence de prise en considération des mesures à mettre en œuvre pour assurer la transmission du savoir ».
Avec cette inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, ce métier ancestral peut être pérennisé grâce aux efforts communs qui seront consentis dans ce sens par l’Algérie avec le soutien de l’Unesco. En tout cas, l’Algérie devra fournir régulièrement un rapport de suivi sur la sauvegarde de ce savoir-faire séculaire.
Kahina A.

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