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10èmes Journées théâtrales en hommage à un grand dramaturge : Mohya revient cette semaine

Le week-end prochain (les 7 et 8 décembre), Tizi-Ouzou renouera avec le théâtre d’expression amazighe, à l’occasion des 10èmes Journées théâtrales en hommage au défunt Mohya.

La manifestation qui se déroulera à la Maison de la culture « Mouloud Mammeri », au Théâtre régional « Kateb Yacine » et au niveau du village natal du dramaturge, à Aït Arbah dans la localité d’Iboudrarène, coïncidera avec le 14ème anniversaire de sa disparition.

A cette occasion un riche programme a été concocté par les organisateurs qui ont voulu cet événement à la hauteur de l’homme auquel il est dédié. Il sera donc étrenné par une cérémonie de recueillement sur sa tombe au cimetière d’Aït Arbah, son village natal, suivie du vernissage d’une grande exposition qui se tiendra dans le hall de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, consacrée à son riche parcours théâtral. Les organisateurs procèderont ensuite au lancement officiel du « Prix Mohya d’or » de la meilleure dramaturgie en tamazight.

Outre la programmation théâtrale prévue au niveau du Théâtre régional « Kateb Yacine » et qui débutera par la pièce « Sin enni », écrite par Mohya et présentée par la coopérative « Machahu » d’Iferhounène, les conférences- débat sont également au rendez-vous, avec l’intervention de plusieurs chercheurs dont Saïd Chemakh de l’université de Tizi-Ouzou et Amar Laoufi, enseignant de la littérature kabyle au département de langue et culture amazighes de l’université de Bouira. Les intervenants proposeront une lecture voire un point de vue académique sur l’œuvre de ce dramaturge au parcours atypique mais non moins exceptionnel.

Né le 1er novembre 1950 à Azazga où son père, tailleur, s’était installé quelques années auparavant, Abdallah Mohya y passe une partie de son enfance avant que sa famille ne parte vivre à Tizi Ouzou. Inscrit au lycée « Amirouche » de Tizi-Ouzou, Mohya y est un brillant élève. Décrochant son bac en 1968, il s’inscrit en licence de mathématiques à l’Université d’Alger. Diplômé en 1972, il part un an plus tard en France où, après avoir passé l’écueil d’un concours, il est autorisé à s’inscrire à l’Ecole d’Ingénieurs en Hydraulique à Strasbourg mais en cours d’année, il change de trajectoire en rejoignant le Groupe d’Etudes Amazighes créé à l’Université Paris VIII (Vincennes). Très vite, Mohya se fait remarquer par des publications de très haute facture dans les revues publiées par ce groupe, notamment dans « Bulletin d’Etudes Amazighes (BEA) et « Tisuraf ».

A partir de 1983, il devient animateur de la troupe Asalu, parallèlement, il enseigne tamazight à l’Association de Culture Berbère. Il publie plusieurs poèmes et nouvelles mais aussi des traductions vers le kabyle d’une vingtaine de pièces théâtrales, poésies, …etc

Passionné de 4e art, il consacre des années à la traduction et à l’adaptation d’œuvres théâtrales universelles en tamazight. Parmi ces œuvres, on citera « En attendant Godot » (Am win yetsrajun Rebbi) de Samuel Beckett, « La Décision » (Aneggaru a d-yerr tawwurt) et « L’exception et la règle » (Lli em-ik, Ddu  d udar-ik) de Bertold Brecht, « La Jarre » (Tacbaylit) de Luigi Pirandello, « Le médecin malgré lui » (Si Lehlu) et « Tartuffe » (Si Pertuf) de Molière, « Le ressuscité » (Muhend U Caâban) de l’écrivain chinois Lu Xun…etc

Fondateur du théâtre d’expression amazighe, Mohya a réussi à travers son œuvre à sensibiliser l’opinion autour de la légitimité de la revendication identitaire berbère et, aujourd’hui, encore, cette œuvre fondatrice reste une référence pour tous ceux qui veulent « connaître la culture berbère sous son angle moderne ».

Le 7 décembre 2004, Mohya décède des suites d’un cancer à l’âge de 54 ans. Un départ prématuré qui laisse ses proches et sa famille artistique dans une profonde tristesse. Mohya avec son esprit vif et éclairé avait encore tant à donner. Il laisse derrière lui une œuvre inachevée.

Kahina A.

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