Juste une anecdote historique racontée hier par un parent, authentique de la Révolution : « ya wlidi, quand j’ai été arrêté et condamné en 1958, je fus amené dans une prison dont le directeur était un jeune harki. Je tente de le convaincre de la victoire proche et de l’indépendance de l’Algérie. Il me répond froidement, « Même s’il y a l’indépendance, tu reviendras auprès de mois où je serai encore ton supérieur ».
L’Indépendance acquise, le Moudjahid va présenter son dossier à Châteauneuf comme ayant droit et rencontre le même geôlier qui l’avait interné. Consultant ses papiers et interrogeant les témoins de sa bonne foi, le responsable du ministère des moudjahidine après lecture de ses papiers, le regarde droit dans les yeux et lui dit :
– Tu ne te rappelles pas de moi ?
– – le Moudjahid lui répond sincèrement que non
– Le responsable en charge de son dossier lui rafraîchit la mémoire : quand ils t’ont emmené en prison pour activités au profil du FLN et de l’Indépendance, c’est moi qui t’ai accueilli et t’avais averti qu’à l’indépendance, tu reviendras encore vers moi. Avais-je raison ou pas ?
– Pour toute réponse le Moudjahid arracha ses papiers des mains du harki, nouveau chef des Moudjahidine et jusqu’à ce jour refuse tout droit d’ancien condamné de l’armée française et ne bénéficie d’aucun droit du côté algérien.
Cet homme vit toujours sur la côte béjaouie, heureux de n’avoir pas vendu son âme à un harki mais malheureux de savoir que ce geôlier n’est pas le seul à la tête de nos Institutions et de la prison Algérie. Quand on croise encore aujourd’hui au village ce vieux sans canne et fière, le ciel se réchauffe mais le cœur demeure meurtri.
Les larmes aux yeux sont utiles parce qu’ils ne peuvent pas les essuyer. Mais, ils peuvent tronquer toute une Révolution.
Je parle des nôtres bien sûr !
M. Kassi