S’il avait encore été des nôtres, Farid Ali aurait eu 100 ans le 9 janvier dernier.
Bouira a voulu raviver la mémoire de cette grande figure artistique et révolutionnaire, en lui rendant un bel hommage, lundi dernier, à l’occasion de la journée du chahid.
L’assistance nombreuse qui a assisté à cette commémoration a pu découvrir ou redécouvrir le double parcours -musical et révolutionnaire- de Farid Ali, à travers la projection à la maison de la culture « Ali Zaâmoum » de Bouira d’un reportage qui lui est dédié ainsi qu’une conférence retraçant les étapes charnières de sa vie.
Natif de la commune de Bounouh (daïra de Boghni), plus précisément de la localité d’Ikhalfounen, Farid Ali, de son vrai nom Ali Khelifi y a vu le jour le 9 janvier 1919.
Scolarisé chez les Pères blancs durant quelques années, il quitte les bancs de l’école après l’obtention du certificat d’études primaires pour rallier Alger. Installé à l’ex rue Randon (aujourd’hui rue Ammar Ali), il exerce des petits boulots dont celui de cordonnier afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
A l’âge de 21 ans, il décide d’émigrer en France. Sur place, il est pris en charge par des membres de la communauté algérienne qui l’aident à s’installer et à trouver ses repères. Quelques temps après son arrivée sur le sol français, il fait la connaissance de militants nationalistes. Ils n’auront pas trop de mal à le rallier à leur cause lui qui, à l’époque où il était au village en Kabylie, comptait parmi ses amis, les deux figures révolutionnaires Ali Oudarène et Ahmed Oumeri. Considérés par les autorités coloniales comme de vulgaires criminels, ces bandits d’honneurs, étaient pour la population autochtone de véritables combattants engagés contre l’occupant français. Tout en fréquentant donc les milieux nationalistes, Farid Ali qui manifeste de grandes prédispositions artistiques est vite repéré par les musiciens et artistes vivant à Paris, à l’image de Mohamed El Djamoussi ou encore Amraoui Missoum. Porté par les encouragements des uns et des autres, il s’affirme peu à peu sur les petites scènes ouvertes aux artistes maghrébins de l’époque. Malheureusement, il sera freiné dans son élan par les autorités coloniales qui l’expulsent vers l’Algérie après l’avoir suspecté d’avoir pris part à l’attentat à la bombe perpétré en 1951 contre un responsable de la radio française.
Revenu au pays, il n’hésite pas à rejoindre les rangs du PPA-MTLD dont il devient un membre très actif. Craignant de se faire une nouvelle fois prendre, il entre dans la clandestinité mais finit par être arrêté en 1956 à Bounouh, non loin de chez-lui. Incarcéré à la maison d’arrêt de Draâ-el-Mizan, il y est soumis à d’atroces scènes de torture. Libéré en 1957, il monte au maquis.
Au lendemain de l’indépendance, il renoue avec la chanson, produisant quatre titres dont la très célèbre « A yemma azizen uratsru », une chanson patriotique gorgée d’émotion, un véritable hymne à l’Algérie et aux Algériens qui ont combattu le joug colonial. Chanté aux quatre coins de l’Algérie, ce célèbre titre de Farid Ali réveillera les émotions les plus enfouies. A cette chanson s’ajouteront d’autres titres enregistrés à la radio nationale sous le parrainage de Cheikh Noureddine.
Présentant des soucis de santé, il est admis en octobre 1981 à l’hôpital de Boghni. Il décède le 19 du même mois. Accompagné par une foule nombreuse à sa dernière demeure, il repose au cimetière de Bounouh, sa région natale.
Kahina A.