La déclassification de certaines notes dédiées à Bouteflika, dans les années 1960 et 1970, par le Service de Documentation d’espionnage et de contre-espionnage ( SDECE ), véritable pépinière des secrets de pas mal de pays, notamment l’Algérie, a permis de découvrir un personnage haut en couleurs sombres.Les notes du SDECE révèlent un homme de coups bas, manigance et de complots.
Ainsi, selon les informations contenues dans une note datée du 15 décembre 1964, il ressort que Abdelaziz Bouteflika, alors âgé de 26 ans, n’a pas été nommé à ce poste stratégique pour ses compétences et son intégrité. Mais grâce à l’appui de Boumediene et surtout à son investissement personnel dans la chasse aux opposants à Benbella, notamment Mohamed Khider. « M. Bouteflika a pu conserver son poste de ministre des affaires étrangères grâce à l’appui de Boumediene mais surtout parce qu’il a su gagner l’estime de Ben Bella. Le président Algérien a particulièrement apprécié l’efficacité de l’action entreprise pour obtenir l’éloignement de Khider de plusieurs pays européens et en particulier de la France », lit-on dans la note frappée en son temps du sceau « Secret – Ne pas faire état « .
La note laissait entrevoir aussi un homme qui avait une dent contre les hommes portant des idées politiques et qui n’aimait pas la contrariété. S’opposer à lui se payait cash. Bachir Boumaza, alors ministre des Finances, l’a appris à son corps défendant. Ainsi Bachir Boumaza qui refusait de débloquer les crédits réclamés par Abdelaziz Bouteflika, pourtant prévus dans le budget, a fini par être relevé en décembre 1964.
Lorsque le SDECE commence à s’intéresser à Abdelaziz Bouteflika , il dresse rapidement un portrait d’un homme qui a de l’entregent mais aussi un manipulateur, épris du pouvoir et tête pensante de tous les complots, surtout celui de juin 1965.
Pourquoi le coup d’Etat de juin 1965 ?
D’après les révélations du Nouvel Observateur, parues aujourd’hui mardi, Louis Dauge, alors ministre délégué à l’ambassade de France, et après une entrevue avec Bouteflika , quelques heures après la déposition de Ben Bella, a envoyé un télégramme chiffré à Paris disant que « le ministre des affaires étrangères fait du coup d’État une affaire personnelle ». D’après les notes du SDECE qui suivait de près les luttes intestinales des clans au pouvoir, le courant ne passait plus entre Abdelaziz Bouteflika et son président Ben Bella. Ce dernier ordonna, le mois de mai 1965, l’arrestation, du directeur de cabinet de Bouteflika, Abdelatif Rahal, révèle une note du SDECE. Une autre note du même service dit que, le 03 juin, le président signifia à Abdelaziz Bouteflika de quitter son poste de ministre. Bouteflika, l’épris du pouvoir, n’a pas digéré le fait qu’on l’écarte. Il passe à l’action et manipule Houari Boumediene. « Menacé d’être écarté de ses fonctions par Ahmed Ben Bella, M. Bouteflika parvient à entraîner Boumediene dans un mouvement qui aboutira au régime actuel », dit la note du SDECE.
Après la déposition de Ben Bella, Abdelaziz Bouteflika opère une purge. Il écarte des arcanes du pouvoir tous ses adversaires. Même la femme de Boumediene est touchée par le feu du « manipulateur d’Alger ». Une note datant du 07 otobre 1974, émanant du ministère des Affaires étrangères français , révèle que » Il est à peu près certain que le président Boumediene s’est vu contraint, par l’action conjuguée de MM. Bouteflika et Medeghri [ministre de l’Intérieur], de ramener dans l’ombre sa propre épouse ». Cette dernière « portait ombrage à ceux qui, comme le ministre des Affaires étrangères, avaient jusque-là l’exclusivité de l’accès direct auprès de Boumediene », lit-on dans la même note.
Moussa T