La mobilisation des magistrats aux côtés du peuple en mouvement contre le système politique en place n’est pas passée inaperçue auprès de leur tutelle. Après avoir tenté de les mettre à l’écart du mouvement, le ministre de la justice, Tayeb Louh agite désormais la carte des sanctions à l’égard « des indisciplinés ».
En effet, des sanctions et des mesures conservatoires sont en préparation contre les juges ayant manifesté, depuis le 22 février dernier, date de la 1er marche contre le 5ème mandat du président Bouteflika et pour le départ du système.
Des magistrats, selon plusieurs sources, subissent de terribles pressions. Selon la ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), la présidente de la Cour de Tipaza est déjà passée à l’action en menaçant les juges ayant manifesté.
« La LADDH apprend que des juges près de la Cour de Tipaza sont sous la menace de mesures conservatoires de la part de la présidente de la Cour. Des suspensions et des mutations seraient en préparation contre eux. Cette présidente reproche aux juges leur ralliement a la cause du peuple et d’avoir tenu un rassemblement pacifique devant la Cour le dimanche 17 mars 2019 », affirme la ligue, dans un communiqué rendu public.
La LADDH, lit-on dans le même communiqué, dénonce « cette approche autoritaire qui porte le sceau de l’abus et du non sens ». « Elle (la LADDH ndlr) exprime sa solidarité aux juges et se félicite de leur prise de position en faveur des revendications légitimes des citoyens et citoyennes algériens », ajoute le même communiqué.
Selon des sources, le ministre de la justice aurait aussi décidé de radier 86 magistrats, en guise de sanction contre « leur rébellion ». Ayant eu vent de ces mesures, le club des magistrats a mis en garde le ministre et les autorités « contre la volonté de dresser la liste des magistrats ayant rejoint le mouvement citoyen en vue de procéder à leur sanction ».
Cette organisation rejette aussi toute les « instructions et injonctions adressées aux magistrats » qui ne devraient, selon elle, se référer qu’à la loi et à leur« leur conscience ».
Massinissa Ikhlef