Dans la foulée des ralliements au mouvement citoyen, une nouvelle recrue ne manque pas de susciter les questions les plus intrigantes. L’association des anciens du MALG, dirigée par Daho Ould Kablia, qui a, récemment encore, assumé l’assassinat d’Abane Ramdane, a publié ce mardi 5 mars un communiqué où on peut lire : « Devant cet élan irrésistible, il n’y a plus de place aux atermoiements et aux manœuvres dilatoires pour perpétuer un système qui a atteint ses limites et qui menace de mener le pays au plus graves périls ».
La MALG, créé par Abdelhafidh Boussouf pendant la guerre de libération, avait commencé, dès sa naissance, à ficher méthodiquement chaque membre de la direction de la révolution. La graine du pouvoir occulte qui prendra en otage l’Algérie indépendante était semée. Elle germera à l’indépendance pour donner la sécurité militaire qui contrôlera toutes les arborescences du système politique algérien. Pourquoi l’association dirigée par Daho Ould Kablia veut-elle accompagner une alternative qui veut défaire le système dont elle est l’émanation la plus affirmée?
Un ancien élément du MALG, membre de la fédération du Maroc qui a fini dans la diplomatie après l’indépendance, a réagi à cette surprenante annonce : « Dès le début des manifestations, il se disait que les services algériens sont à l’origine des appels anonymes aux marches, j’avais un peu de peine à le croire, car cette dynamique exigeant la rupture pouvait, à terme, échapper aux manipulations. Mais avec cette sortie du bureau de l’association des anciens du MALG, les jeunes gagneraient à faire preuve de grande vigilance s’il veulent assurer un avenir à leur mouvement ».
En effet, depuis le début des manifestations, des rumeurs spéculent sur l’identité de ces appelants anonymes. Plusieurs observateurs, habitués des arcanes du pouvoir algérien, pointent du doigt des officines animées par d’anciens membres du DRS rejoints, dans un second temps, par des groupes de l’actuel service de renseignement. La chose semble de plus en plus établie depuis que le président de l’APN a été sommé de renoncer en direct à sa candidature après avoir déposé son dossier auprès du conseil constitutionnel. Auparavant, une réunion rassemblant des acteurs politiques ( partis et personnalités, issues du sérail se réclamant de l’opposition ) avait conclu sa déclaration de soutien aux manifestations par un surprenant appel à l’armée, « organe névralgique de la nation », soutiennent-ils ; ceci au moment même où le chef d’état-major ne manque pas une occasion de menacer « ceux qui veulent déstabiliser le pays. »
Deux questions sont posées par les spécialistes des services parallèles : pour quels objectifs ces appareils ont-ils déclenché ce mouvement et dans quelle mesure pourront-ils encore en contrôler les actions et les orientations ?
Younes Lakrib