Après avoir attendu le dernier moment pour déposer son dossier de candidature, l’ancien président de l’assemblée nationale et néanmoins ancien maquisard, Said Bouhadja, a animé une conférence de presse au cours de laquelle il a commencé à égrener les phases politiques que vit le pays. Les journalistes commencent par poser quelques questions sur sa collecte de signatures, les entorses infligés aux lois et règlements par les autres candidats, le mouvement de contestation animé par la jeunesse…Pendant qu’il parlait, on entendait son téléphone sonner à plusieurs reprises. Il finit par le prendre et le consulter rapidement avant de reprendre son propos. La parole est alors brusquement décousue et hésitante. L’homme suffoque et semble perdu. Il veut gagner du temps, fait répéter les questions et répond à côté.
Puis un jeune homme s’approche et lui glisse un message à l’oreille. Bouhadja est livide, il essaie de reprendre son souffle. Une autre personne vient lui susurrer quelque chose. Un bégaiement… puis tombe l’invraisemblable: » En fait il faut que l’on se comprenne…Je ne suis pas candidat ».
Stupeur et consternation. Il venait de déposer son dossier quelques minutes auparavant et, depuis le retrait collectif des candidats lors de l’élection de 1999, la loi interdit aux postulants de se désister. Et cela, en tant qu’ex président de l’APN, Bouhadja le sait mieux que quiconque. Qui a ordonné à l’ancien maquisard de se déjuger en direct et de façon aussi humiliante ?
Arezki Larabi