Nouveau référendum de la rue contre les solutions de replâtrage proposées par les tenants du régime pour résoudre la crise politique actuelle. « Ni article 102 ni gouvernement, on veut le départ du clan », rétorquent des millions de manifestants qui ont battu le pavé, aujourd’hui 05 avril, à Alger et dans tout le pays.
En effet, pour le premier vendredi de la manifestation sans le président Bouteflika, qui a démissionné mardi dernier, les Algériens étaient unanimes pour exiger la chute de tout le système.
« Nehou El 3issaba, newlou labas (Nous ne serons rassuré qu’avec le départ du clan) », lancent les manifestants qui se montrent ainsi conscients des enjeux, malgré les tentatives de louvoiement des décideurs du moment.
La cible de ce septième vendredi sont les quatre « B » qui s’apprêtent à prendre les règnes du pays pour les prochaines semaines : Bedoui, Bensalah et Belaïz, Bouchareb. C’est ce que nous avons constaté, notamment à Alger, dont les rues et boulevards se sont avérés exiguës pour contenir cette foule immense qui a déferlé des différents quartiers, mais aussi des wilaya limitrophes, dont Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdes et Bejaia.
Le mot d’ordre des manifestants partout dans le pays était le même : « Yetnahaw Gaa (ils vont tous partir) ». La rue algérienne exprime ainsi son désir ardent d’un changement radical et la mise en œuvre d’une feuille de route dans laquelle « seront absentes toutes les figures apparentées au régime du président Bouteflika ».
Des manifestants bloqués à l’entrée est d’Alger
Brandissant l’emblème national ou le drapeau amazigh, les protestataires ont scandé plusieurs slogans appelant au départ des personnalités politiques encore aux commandes du pays, en se focalisant cette fois sur le Premier ministre, Noureddine Bedoui, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah qui pourrait être le président intérimaire, le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz.
Le président de l’APN, Mouad Bouchareb et son parti le FLN étaient aussi ciblés. Comme d’ailleurs tous les autres partis au pouvoir, en l’occurrence le RND, TAJ et le MPA, comme on a pu le lire sur de nombreuses affiches.
Contrairement aux précédentes marches où l’accès à la capitale était facile, aujourd’hui de nombreux manifestants venants de la Kabylie et des wilayas de l’Est ont été bloqués à hauteur de Dar El Beida.
Des gendarmes ont dressé des barrages filtrants, provoquant ainsi un énorme embrouillage qui s’est étendu sur plusieurs kilomètres. En colère, les manifestants ont tenté de rejoindre la marche à pied. Mais les forces anti-émeute de la gendarmerie sont intervenues pour les empêcher en utilisant des gaz lacrymogène et des canaux à eau. Il a fallu plusieurs heures pour que les manifestants arrivent à Alger-Centre pour participer à la manifestation.
Selon certaines sources, les gendarmes ont agi sur une instruction, selon laquelle « chaque manifestant doit marcher dans sa wilaya ». Veut-on réduire le nombre de marcheurs à Alger pour faire croire que le peuple a accepté la solution proposée ?
Massinissa Ikhlef