En dépit de la fermeture de toutes les voies qui mènent à Alger, les places et boulevards de la capitale Algérienne n’ont pas désempli. Ceux qui ont misé sur un fléchissement du mouvement et un recul de la mobilisation ont complétement perdu le pari. La révolution citoyenne pacifique semble s’installer pour durer.
Très tôt le matin, des manifestants ont pris d’assaut le parvis de la Grande Poste, la place Audin et toutes les boulevards qui y mènent. A 14h 00, heure officielle du début du 11e acte du soulèvement citoyen contre la tyrannie, tout Alger est devenu noir de monde.
Les slogans hostiles au système ont évolué. Désormais, le chef d’état major, membre à part entière du système finissant, est au centre de la fronde populaire. Le départ nécessaire de Gaïd Salah est sur toutes lèvres. « Le peuple ne veut pas de Gaid Salah et de Said », scandent les manifestants à Place Audin, qui dénoncent le double discours du chef de l’Armée.
La feuille de route du chef d’état major articulé autour de l’organisation immédiate des présidentielles est descendue en flamme par la marrée humaine qui a déferlé sur Alger-Centre. « makanch intikhabat y a nidham ilisabat » (pas d’élections, régime de bandes ), scandent à tue-tête des milliers de voix rageuses.
La police a maintenu le même schéma de déploiement que celui du vendredi passé. Le tunnel des facultés est gardé fermé aux manifestants par une haie de policiers anti-émeutes. Les barrages filtrants établis sur les axes routiers menant à la capitale ont été renforcé dans l’espoir de réduire le nombre de manifestant qui va crescendo.
Ce dernier vendredi avant l’entame du Ramadhan a mis en échec la forte campagne de démobilisation menée par l’armée électronique du régime et ses relais médiatiques. La tentative de provoquer un schisme dans le mouvement populaire a connu un échec cuisant. Le peuple Algérien a donné le signal que la dynamique révolutionnaire enclenchée le 22 février est intacte. La totalité des slogans scandés sont entièrement différents de ceux que le chef d’état major dit entendre. Le peuple a clairement dit pour un 11e vendredi de suite : « Système dégage, toi et tes élections » et non « Système engage des élections ». Le chef d’état major va-t-il enfin comprendre le parler Algérien ?
Arezki Lounis